Un nouveau drame a secoué l’arrière-pays marocain. Samedi soir, une femme enceinte, Meryem, et son nouveau-né ont perdu la vie sur la route reliant l’hôpital provincial de Zagora à celui de Ouarzazate. Une tragédie qui met une nouvelle fois en lumière les failles criantes du système de santé dans les zones enclavées du royaume.
Originaire du douar Ouled Biyoussef (commune de Tamegroute), Meryem, déjà mère d’une fillette de trois ans, avait été admise à l’hôpital de Zagora pour une césarienne. Mais le nouveau-né est venu au monde en état d’asphyxie. Tandis que le nourrisson devait être transféré d’urgence vers Ouarzazate, la mère a elle-même souffert d’une hémorragie post-opératoire. La surprise a été totale : aucun médecin anesthésiste n’était disponible à Zagora. Faute d’alternative, elle a été placée dans l’ambulance avec son bébé. Aucun des deux n’a survécu aux 160 kilomètres de route sinueuse menant à Ouarzazate.
Ce décès tragique illustre, selon des acteurs locaux, l’état déplorable de l’hôpital de Zagora, qualifié par les habitants de “bâtiment de béton sans âme”. Carences en personnel, équipements insuffisants, absence de services vitaux : autant de défaillances dénoncées depuis des années. “Ce n’est pas un accident, c’est le résultat d’un abandon chronique”, déclare Mohamed Lamine El Abid, militant des droits humains.
Même constat du côté de l’Association marocaine des droits humains. Pour son responsable local, Ibrahim Rezqo, “c’est une honte qu’au XXIe siècle, des femmes meurent encore en couches dans ces conditions. L’hôpital de Zagora ressemble davantage à une morgue qu’à une structure de soins.”
Face à l’indignation, les appels se multiplient pour une enquête et des mesures urgentes : renforcer le personnel, créer un service d’anesthésie et de réanimation, et mettre fin à ce que les habitants qualifient de “marginalisation méthodique” du Maroc profond.
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