Depuis le début des négociations sur le droit de grève, le ministre de l’Emploi, Younes Sekkouri, a adopté, fort de la confiance et de l’assentiment du chef de l’exécutif, une stratégie de confrontation avec les syndicats, qu’il a tenu à appliquer à la lettre.
Le résultat aujourd’hui est le refus catégorique de la proposition du ministre par les syndicats les plus représentatifs, mais aussi l’adoption du texte final par le Parlement, grâce aux voix de la majorité et aux nombreux changements apportés à travers des dizaines d’amendements.
Il faut dire qu’après une attente de plusieurs années, le gouvernement ne pourra pas se prévaloir d’un succès qui le valorisera. En effet, les bénéfices politiques du vote resteront nuls, puisque les syndicats ont rejeté ce texte dans sa globalité et promettent désormais de mener un bras de fer avec l’exécutif. Après avoir décrété deux premières journées de grève nationale, ils annoncent déjà une série d’actions encore à l’étude pour intensifier leur mouvement.
Le ministre, toujours lui, a publié des chiffres minimisant l’impact de ces grèves, tout en laissant la porte ouverte à un dialogue avec les syndicats, sans pour autant modifier le fond du texte.
Désormais, la loi se fera en l’état, et rien ne pourra faire reculer le gouvernement, sauf une mobilisation syndicale massive.
Les syndicats, qui n’avaient plus eu recours aux grèves depuis longtemps, laissant le terrain libre aux coordinations sectorielles, comptent bien rattraper le temps perdu en utilisant tous les moyens que leur permet la loi. Leur chef de file, l’UMT, sous la direction de Moukharik, a durci le ton comme rarement auparavant, lançant des attaques virulentes contre le gouvernement et le ministre de l’Emploi, qu’il tient pour responsables des conséquences et des dérapages que pourrait engendrer la colère des salariés.
Le message est clair : le pire est à craindre si le ministre Sekkouri ne revient pas sur sa décision impopulaire. Les prochains jours pourraient être marqués par de nouvelles tensions.
Par Jalil Nouri
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