Le 7 septembre 2024, l’Algérie se prépare à des élections présidentielles anticipées qui s’annoncent particulièrement controversées. Alors que trois candidats principaux sont en lice pour la présidence, les accusations de manipulation et de manque de transparence pèsent déjà lourdement sur le processus électoral.
Le président sortant, Abdelmadjid Tebboune, âgé de 78 ans, se présente pour un second mandat. Soutenu par quatre partis politiques, dont le Front de Libération Nationale (FLN) et le parti islamiste al-Bina dirigé par Abdelkader Bengrina, Tebboune est largement perçu comme le favori de cette élection. Son programme se concentre sur la poursuite des réformes économiques et administratives initiées lors de son premier mandat, ainsi que sur la lutte contre la corruption.
Face à lui, Abdelaali Hassani, chef du Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), un parti islamiste influent, propose un programme axé sur la justice sociale et la réforme politique. À 57 ans, Hassani représente une voix importante de l’opposition, avec une base électorale solide parmi les islamistes modérés du pays.
Le troisième candidat, Youssef Aouchiche, âgé de 41 ans, est le leader du Front des Forces Socialistes (FFS). Ancien journaliste, Aouchiche a pris la tête du FFS en 2020 et a mis fin au boycott de 25 ans de son parti vis-à-vis des élections présidentielles. Il met l’accent sur la justice sociale, la démocratie participative, et une plus grande décentralisation.
Cependant, la campagne électorale est déjà marquée par une polémique majeure. Selon le journaliste algérien Semmar Abdou, le processus électoral est compromis par une manipulation ouverte de l’État en faveur du président sortant. Le Décret présidentiel n° 24-252, publié le 5 août 2024, place le ministre de l’Intérieur, Brahim Merad, en « congé spécial » pour qu’il puisse diriger la campagne électorale de Tebboune tout en conservant son poste ministériel. Ce congé prend fin le 4 septembre, soit trois jours avant le scrutin, ce qui permet à Merad de reprendre ses fonctions pour coorganiser l’élection présidentielle.
Semmar Abdou souligne que ce décret est une preuve flagrante de l’absence de neutralité des institutions de l’État et d’une manipulation électorale éhontée. Il estime que les résultats du scrutin sont déjà connus d’avance, la réélection de Tebboune étant presque garantie par le soutien actif des institutions étatiques. Cette situation soulève de sérieuses questions sur l’intégrité et la transparence de l’élection, et met en lumière les défis auxquels est confrontée la démocratie en Algérie.