Les élections présidentielles algériennes débutent aujourd’hui, samedi, dans un climat perçu par beaucoup comme une simple formalité. De nombreux observateurs s’accordent à dire que ce scrutin vise principalement à reconduire le président sortant, Abdelmadjid Tebboune. Contrairement aux pratiques électorales dans d’autres pays, l’événement se déroule sans la présence d’observateurs internationaux, ce qui suscite de nombreuses questions quant aux raisons ayant poussé le régime à écarter toute surveillance extérieure.
Ce contexte est d’autant plus troublant que les agences de presse internationales semblent étrangement silencieuses, n’ayant publié que peu ou pas d’informations concernant ces élections. Deux hypothèses se dégagent : soit ces agences ont été empêchées de traiter le sujet, soit les journalistes étrangers n’ont tout simplement pas reçu d’accréditations pour couvrir l’événement, selon des sources concordantes.
Pour Khalid Chayat, professeur de relations internationales à l’Université Mohammed Ier d’Oujda, ces élections ne sont qu’une façade pour masquer un régime autoritaire monopolisant le pouvoir. Il souligne qu’aucune véritable campagne électorale n’a eu lieu, et que les discours de Tebboune et des autres candidats se sont concentrés presque exclusivement sur la diabolisation du Maroc, dans une tentative de plaire à l’establishment.
Chayat va plus loin en affirmant qu’il n’y a aucune nécessité d’avoir des observateurs internationaux, car « il n’y a pas de véritable élection, tout est déjà joué d’avance. » Il estime que l’absence d’observateurs se justifie par le fait que les résultats sont connus à l’avance, et que la transparence n’est même pas en jeu.
Sur le plan médiatique, le refus d’accréditer la presse internationale s’inscrit dans la même logique. Le régime algérien préfère garder le contrôle de l’information en interne et continue d’entretenir une propagande destinée à maintenir l’illusion d’une légitimité démocratique.
Derrière ce processus électoral, le véritable enjeu semble être de conforter le régime face à une population de plus en plus désillusionnée. En 2024, l’Algérie a dépensé 18 milliards de dollars en achats d’armes, invoquant un danger sécuritaire venant du Maroc. Ce climat de tension externe permet au gouvernement de justifier de telles dépenses, selon Chayat.
Le politologue Ahmed Nour Eddine, quant à lui, affirme que l’absence d’observateurs internationaux souligne une réalité déjà connue : les résultats de cette élection sont décidés d’avance. « Nous sommes face à une dictature militaire déguisée en démocratie, » déclare-t-il. Nour Eddine rappelle que c’est l’armée qui a propulsé Tebboune à la présidence, malgré l’opposition de la rue lors des manifestations du Hirak.
Un autre enjeu majeur de ce scrutin reste le taux de participation, alors que la jeunesse et une grande partie de la population se sentent désabusées. Bien qu’aucune donnée officielle ne soit disponible, les analystes s’accordent à dire qu’une majorité de la jeunesse algérienne boycottera probablement les urnes le 7 septembre. Cette jeunesse, qui constituait la base des manifestations du Hirak exigeant un changement profond du système, a perdu foi dans les élections comme vecteur de transformation. Lors de la précédente élection présidentielle, l’abstention avait déjà atteint un record de 60 %, et ce chiffre pourrait encore être dépassé cette année, marquant un rejet massif du système en place.
En conclusion, ces élections présidentielles semblent être une simple façade, un exercice de maintien du statu quo plutôt qu’une véritable transition démocratique. Le régime continue de manipuler les institutions politiques, et l’absence d’observateurs internationaux ainsi que la faible couverture médiatique témoignent d’un système fermé, insensible aux appels au changement.