L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 80 ans, détenu en Algérie depuis novembre 2024, a été élu à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, a confirmé l’institution via l’AFP. « Boualem Sansal porte haut la fonction créatrice de l’écrivain », a salué l’Académie, qui l’avait déjà distingué en 2007. Cette élection intervient alors que sa peine de cinq ans de prison a été confirmée en appel le 1ᵉʳ juillet 2025.
Sansal est poursuivi pour « atteinte à l’unité nationale » à la suite d’une interview dans laquelle il a évoqué la question des frontières héritées de la colonisation et suggéré que l’ouest algérien avait appartenu au Maroc. Arrêté en novembre 2024, il a d’abord été placé en détention provisoire, avant d’être condamné en mars puis en appel le 1ᵉʳ juillet 2025 (peine assortie d’une amende). Le Monde rappelle que l’affaire s’inscrit dans un climat diplomatique tendu entre Paris et Alger et que ses proches espéraient une grâce présidentielle à l’été.
Le dossier Sansal illustre la fermeté persistante du système algérien vis-à-vis des prises de position perçues comme attentatoires à l’intégrité du territoire. Malgré son âge, sa santé fragile et de multiples appels d’écrivains et d’institutions européennes, la justice a maintenu une ligne dure, transformant un débat intellectuel en contentieux pénal et diplomatique. Pour les milieux littéraires, l’élection à Bruxelles revêt une portée symbolique : célébrer la liberté de création pendant que l’auteur est privé de liberté.
Fondée en 1920 sur le modèle de l’Académie française, l’Académie royale de Belgique compte 40 membres dont 10 fauteuils réservés à des étrangers. L’accueil de Sansal — écrivain de 2084, la fin du monde et lauréat de nombreux prix — sonne comme un soutien explicite à la littérature indépendante.
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