S’il est bien un domaine qui est encore épargné par les transformations et aménagements opérés dans nos villes à l’approche des deux événements majeurs de football prévus en décembre 2025 et juin 2030, c’est bel et bien celui de l’envahissement incontrôlé de l’espace public par les panneaux publicitaires 4×3 et autres supports promotionnels qui l’ont défiguré avec leur emplacement et leur agression visuelle, de jour comme de nuit, surtout après l’apparition du LED.
Un simple détour par les axes et carrefours les plus fréquentés laisse voir le niveau du gâchis asséné au paysage urbain, parfois près de sites historiques, sans le moindre souci de leur préservation, où les communes, par soif de redevances, acceptent tout et n’importe quoi, souvent dans l’anarchie comme dans un souk outrageant à ciel ouvert où chacun vient exposer sa marchandise sur les accès à forte fréquentation par où transitent le plus les acheteurs avant la concurrence.
Les sociétés colonisatrices de l’espace public, lancées dans l’occupation outrancière des axes à grande circulation et fréquentation, ne se fixent plus de limites dans leur offensive contre les villes, ne laissant aux visiteurs étrangers que l’image d’un pays sacrifiant la beauté de ses paysages au profit de besoins mercantilistes et des intérêts égoïstes. Dans un secteur où la loi du plus fort dicte sa loi et transgresse les limites de l’acceptable, et où la passivité des autorités n’a d’égale que l’appétit insatiable des afficheurs, qui n’hésitent pas à installer leurs panneaux à réclames y compris à la surface des ronds-points, tout espoir d’instauration d’une réglementation prenant en compte, prioritairement, les impératifs esthétiques et environnementaux des villes — un bien commun — semble s’éloigner, nonobstant ce que nous pourrons offrir à la vue des visiteurs qui ne retiendront de leur visite que cette énormité.
Y aura-t-il un sursaut d’orgueil avant les échéances ? Il est permis d’en douter… à moins que !
Par Jalil Nouri