Alors que les prochaines élections législatives ne sont prévues qu’en 2026, plusieurs analystes politiques s’accordent déjà sur un scénario très probable : l’actuel chef du gouvernement pourrait non seulement conserver son poste, mais le maintenir jusqu’à l’échéance de la Coupe du Monde 2030, voire au-delà. Le gouvernement actuellement en place, dominé par une majorité de centre-droit conduite par le Rassemblement National des Indépendants (RNI), est déjà désigné par certains comme le « gouvernement de la Coupe du Monde ».
Ce prolongement anticipé repose sur plusieurs facteurs. D’abord, un bilan jugé globalement positif, surtout en comparaison avec les dix années de gestion islamiste qui ont laissé des traces profondes, entre stagnation économique et erreurs stratégiques. Ensuite, une relative stabilité politique et une cohésion de l’exécutif, à l’exception d’éventuelles tensions internes avec son partenaire, le Parti Authenticité et Modernité (PAM), qui pourrait chercher à rebattre les cartes à l’approche de 2026.
Mais pour asseoir cette longévité politique, encore faut-il répondre à la première priorité des citoyens : la flambée des prix. Le pouvoir d’achat demeure le point névralgique. Des mesures fortes, ciblées et lisibles sur la vie quotidienne sont attendues. S’il parvient à répondre efficacement à ce défi, il s’imposera sans peine comme l’homme de la situation pour mener à bien les grands chantiers à venir, notamment l’organisation de la Coupe du Monde 2030.
D’autant que ce gouvernement pourrait aussi être celui d’une diplomatie économique rénovée, comme en témoignent les multiples accords conclus avec des pays africains, asiatiques et arabes. Le renforcement de la coopération sud-sud et les projets d’interconnexions stratégiques (gazoduc Nigéria-Maroc, liaisons électriques avec l’Europe) peuvent constituer des leviers d’influence à fort potentiel.
La régionalisation avancée est un autre axe clé que ce gouvernement peut activer pour redonner sens et puissance à l’action publique. En donnant plus d’autonomie budgétaire et compétence aux régions, le chef de l’exécutif pourrait faire de son mandat un véritable tournant démocratique et d’efficacité territoriale.
Mais une ombre persistante plane sur son parcours : celle de l’éthique politique. Homme d’affaires richissime, à la tête de plusieurs sociétés adjudicataires de marchés publics, le chef du gouvernement est régulièrement la cible de critiques sur de possibles conflits d’intérêts. Une clarification plus ferme sur la séparation entre ses intérêts privés et ses responsabilités publiques pourrait renforcer sa légitimité, et dissiper tout soupçon.
Le Maroc tient-il enfin son gouvernement de « la Coupe du Monde » ? L’histoire le dira. Mais pour l’heure, tous les indicateurs penchent vers une continuité jusqu’en 2030… et peut-être au-delà.