La Cour d’appel criminelle de Casablanca a de nouveau reporté, ce mercredi, l’audience du procès des accusés impliqués dans l’affaire d’escroquerie immobilière connue sous le nom de « Bab Darna ». Cette décision intervient après l’enregistrement d’un nouvel avocat représentant le principal accusé dans cette affaire. L’audience a été ajournée à la semaine prochaine, prolongeant ainsi le calvaire des 1 400 victimes qui espèrent obtenir justice.
Ce report est également lié à un changement de la composition du tribunal. En effet, il a été jugé nécessaire de modifier la formation judiciaire en charge du dossier en raison d’un conflit d’intérêts : l’un des juges siégeant dans cette nouvelle instance avait déjà été impliqué dans la prise de décision sur un volet civil de cette affaire.
Une escroquerie immobilière aux dimensions colossales
L’affaire « Bab Darna » est considérée comme l’une des plus grandes fraudes immobilières qu’ait connues le Maroc. Selon les éléments du dossier, « M. W. », directeur général du groupe « Bab Darna », a élaboré un vaste réseau d’arnaque à travers plusieurs sociétés affiliées. Son mode opératoire reposait sur la participation à des salons immobiliers destinés principalement aux Marocains résidant à l’étranger, où il vendait des projets fictifs à des acheteurs séduits par des offres alléchantes.
L’ampleur de la fraude est vertigineuse : plus de 40 milliards de centimes (soit 400 millions de dirhams) ont été perçus auprès de centaines d’acheteurs qui rêvaient de devenir propriétaires. Au final, aucun projet immobilier n’a vu le jour, et les victimes se sont retrouvées sans recours immédiat face à l’arnaque.
Des condamnations déjà prononcées en première instance
Lors du premier jugement, le tribunal de première instance de Casablanca avait condamné « M. W. » à 15 ans de prison ferme pour escroquerie et abus de confiance. De son côté, le notaire impliqué dans l’affaire, bien qu’ayant nié toute falsification et exprimé son incompréhension face à sa mise en cause, a écopé de 12 ans de prison ferme.
Au total, l’ensemble des peines prononcées contre les accusés dans cette affaire cumule à 51 ans de réclusion. Un verdict qui reflète la gravité des faits, mais qui ne semble pas encore suffisant pour apaiser la colère des victimes, dont certaines ont perdu toutes leurs économies dans ce projet fantôme.
Des espoirs de justice mais une procédure qui traîne
Le report de l’audience en appel rallonge encore un processus judiciaire déjà complexe et éprouvant pour les victimes, qui attendent des indemnisations et espèrent voir les responsables répondre de leurs actes. La justice marocaine se trouve face à un défi majeur : démontrer sa capacité à protéger les citoyens contre les dérives du secteur immobilier et à sanctionner sévèrement ce type d’escroquerie afin d’éviter que de telles fraudes ne se reproduisent.
Alors que l’affaire suit son cours judiciaire, la question de la régulation du marché immobilier et de la protection des acheteurs reste posée. Les autorités seront-elles capables de tirer des leçons de cette affaire pour mieux encadrer le secteur et éviter que d’autres « Bab Darna » ne voient le jour ?
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