Les arnaques liées au commerce en ligne explosent au Maroc. Offres trop belles pour être vraies, faux sites marchands, usurpations d’identité : chaque jour, des centaines d’utilisateurs sont piégés sur Facebook, Instagram ou TikTok. Un phénomène qui prend de l’ampleur, nourri par l’essor des réseaux sociaux et le manque de sensibilisation du public.
Faux sites et promotions fictives
Le mode opératoire des cybercriminels est bien rodé : créer de fausses boutiques en ligne, cloner des sites connus — de Temu à Electroplanet — et proposer des promotions irrésistibles. En exploitant le sentiment d’urgence, les escrocs poussent les victimes à payer rapidement. Une fois l’argent encaissé, ils disparaissent, laissant les acheteurs sans recours.
« Ces attaques sont simples car toutes les données sont exposées. Les personnes ciblées cliquent sur des liens frauduleux sans vérification », explique l’expert en cybersécurité Azzedine Ramrami.
Un Maroc particulièrement vulnérable
La menace ne s’arrête pas aux arnaques commerciales. Le pays figure parmi les cibles majeures d’un malware d’origine chinoise qui a déjà contaminé plus de 11 000 téléphones Android dans le monde, avec une forte concentration au Maroc. Chaque semaine, plus de 2 000 appareils sont infectés, permettant aux pirates de contrôler les téléphones à distance et de voler des données bancaires.
Selon Ramrami, cette vulnérabilité s’explique par « le manque de sensibilisation du public et l’exposition massive de données personnelles sur les réseaux sociaux ».
Vers une nouvelle génération de phishing
Au cœur du dispositif, le phishing évolue. Les escrocs utilisent désormais des techniques avancées : faux formulaires bancaires, demandes directes de codes SMS, intégration de CAPTCHA pour paraître crédibles, voire recours à l’intelligence artificielle pour concevoir des sites quasi indétectables. Les cybercriminels visent désormais des données immuables comme la biométrie ou la voix, ouvrant la voie à des fraudes plus sophistiquées.
Comment se protéger ?
Face à cette menace, les experts appellent à la vigilance : acheter uniquement sur des sites fiables, vérifier les coordonnées des vendeurs, privilégier le paiement à la livraison, lire les conditions générales de vente et, surtout, ne jamais cliquer sur un lien suspect ni communiquer ses identifiants. « Deux règles simples : don’t trust, don’t click », résume Ramrami.
Au-delà des pertes financières, c’est la confiance dans le commerce en ligne qui est en jeu, un secteur pourtant crucial pour la modernisation de l’économie marocaine.
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