Alors que le Front Polisario multiplie les appels pour que les ministres de Sumar quittent le gouvernement de Pedro Sánchez, ces derniers ont choisi de rester silencieux sur la question du Sahara, illustrant une posture politique empreinte de réalisme tactique, sinon de prudence diplomatique.
Lors de la rencontre tenue à Madrid le 17 avril entre le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares et son homologue marocain Nasser Bourita, l’Espagne a réitéré son appui au plan marocain d’autonomie pour le Sahara, position déjà exprimée officiellement depuis 2022. Cette ligne, bien que non inscrite dans les accords de coalition entre le PSOE et Sumar, semble désormais pleinement assumée par le gouvernement.
Le silence des cinq ministres issus de la formation de gauche radicale — Yolanda Díaz, Ernest Urtasun, Monica García, Pablo Bustinduy et Sira Rego — a été noté par plusieurs médias espagnols. Contrairement à ce que laissait espérer le représentant du Polisario en Espagne, Abdellah Arabi, aucun membre de Sumar n’a dénoncé cette orientation, ni sur les réseaux sociaux ni à travers des canaux institutionnels.
Un désaccord qui se manifeste ailleurs : le budget de la Défense
Curieusement, c’est sur un autre terrain que les tensions internes au gouvernement se sont manifestées : l’adoption par le conseil des ministres d’une hausse du budget de la Défense à 2 % du PIB, le 22 avril. C’est là que Sumar a choisi de marquer son opposition. Plusieurs ministres, dont Monica García et Pablo Bustinduy, ont exprimé leur profond désaccord, dénonçant un choix budgétaire tourné vers le réarmement au détriment des priorités sociales.
Une posture révélatrice
Cette double attitude illustre une stratégie calculée : en évitant de s’opposer frontalement à la ligne diplomatique de l’Espagne vis-à-vis du Maroc — dossier jugé hautement stratégique —, Sumar préserve sa place au sein de la coalition. Mais en contrepartie, le parti garde une marge critique sur les politiques militaires et sociales, terrain plus propice à son électorat.
Les ministres de Sumar n’ont pas quitté le gouvernement… et encore moins pour le Sahara.