Le hasard du calendrier ou un manque de coordination ? Cette semaine, le Maroc vibre au rythme de deux mastodontes de la scène culturelle : le Festival Gnaoua d’Essaouira et Mawazine à Rabat. Deux événements phares, deux ambiances, mais un même public souvent tiraillé entre la magie mystique des gnaouas et les strass des superstars internationales.
Le Festival Gnaoua, concentré sur trois jours à partir de ce jeudi, célèbre comme à l’accoutumée les musiques ancestrales et les rencontres spirituelles dans les ruelles de la cité atlantique. Pendant ce temps, Mawazine, gigantesque machine culturelle et événement musical de dimension mondiale, bat son plein à Rabat et s’étendra jusqu’au week-end prochain.
Cette coïncidence de dates, bien que sans concertation apparente entre les organisateurs, suscite un certain malaise dans le monde culturel. Si le foisonnement d’événements peut sembler le signe d’une vitalité artistique, il engendre aussi de vraies problématiques : fragmentation du public, pression sur les sponsors sollicités par les deux manifestations, et concurrence en matière de couverture médiatique.
Un manque de coordination criant
Il est étonnant qu’en dépit de leurs notoriétés respectives, les organisateurs des deux festivals n’aient pas pris le soin d’aligner leurs dates ou du moins de se concerter. Ce défaut de communication nuit à la synergie culturelle nationale et montre l’absence d’une vision stratégique commune au service de la culture marocaine.
Un choix… ou une frustration ?
Certes, le public a le choix. Mais trop de choix tue parfois le choix. Face à deux offres qualitativement différentes, certains spectateurs ressentent une véritable frustration. Cela montre qu’une meilleure coordination ne limiterait pas la diversité mais permettrait au contraire à chacun de profiter pleinement des deux univers.
Une gestion logistique à repenser
Le chevauchement entre deux festivals de grande envergure mobilise également d’importantes ressources humaines et logistiques (sécurité, transport, hébergement, médias). Dans un pays où ces moyens sont limités, cette simultanéité provoque une dispersion préjudiciable à l’efficacité globale de l’organisation.
Certaines voix appellent désormais à une répartition plus rationnelle des grands festivals marocains, voire à une alternance bi-annuelle, comme pratiqué ailleurs. De quoi permettre à chacun de briller pleinement, sans ombre portée.
Par Salma Semmar