Les exportations d’armes en provenance d’Espagne vers le Maroc ont connu une ascension vertigineuse en 2024, atteignant un volume de 21 millions d’euros, contre seulement 1,5 million d’euros en 2023. Cette augmentation de 1 264 % traduit une intensification des relations militaires entre les deux pays, avec un intérêt grandissant pour l’acquisition d’équipements stratégiques.
L’essentiel de ces ventes concerne des bombes, torpilles et grenades, dont la valeur est passée de 1 million à 12,8 millions d’euros en un an. Les pièces et accessoires d’armes ont, quant à eux, connu une progression spectaculaire, bondissant de 10 015 euros à 8 millions d’euros, marquant ainsi une hausse de près de 80 000 %. Les armes légères, notamment les carabines et fusils, ont également enregistré une augmentation de 10 %, atteignant un total de 205 564 euros.
Une coopération stratégique renforcée
Cette montée en puissance des exportations s’inscrit dans un contexte de rapprochement diplomatique et stratégique entre les deux pays. Le Maroc, en pleine modernisation de son arsenal militaire, cherche à garantir un avantage régional tout en consolidant son partenariat sécuritaire avec son voisin ibérique. Cette dynamique dépasse la simple dimension commerciale pour embrasser une coopération plus large incluant la formation militaire, les transferts de technologie et potentiellement des accords sur des systèmes de défense avancés.
Pour l’Espagne, cette expansion des ventes d’armement constitue une opportunité de renforcer son influence en Afrique du Nord et de répondre aux impératifs européens en matière de défense. L’industrie militaire espagnole, acteur clé dans la production d’équipements sophistiqués, s’intègre pleinement dans les objectifs stratégiques de l’Union européenne, qui vise à accroître sa capacité de production en matière de défense d’ici 2030.
Une logique souveraine et des enjeux régionaux
Le choix du Maroc de se tourner vers l’Espagne pour ses achats d’armement repose sur des facteurs économiques et stratégiques. La proximité géographique réduit les coûts logistiques, tandis que l’expertise espagnole en matière de défense offre un accès rapide à des technologies de pointe. Cette dynamique de coopération s’inscrit également dans une logique de diversification des sources d’approvisionnement militaires, permettant au Maroc de renforcer son autonomie stratégique.
Par ailleurs, les enjeux sécuritaires méditerranéens imposent une collaboration étroite entre les deux pays. La lutte contre le terrorisme, la protection des frontières maritimes et la stabilité régionale sont des priorités partagées qui nécessitent un échange constant d’expertise et de ressources militaires. Cette coopération pourrait même s’étendre à des domaines plus stratégiques, en prévision d’événements internationaux nécessitant une coordination accrue.
Vers une industrie militaire locale ?
Au-delà de ces échanges bilatéraux, le Maroc ambitionne de développer sa propre industrie de défense. En s’alliant à des partenaires clés, le pays vise à réduire sa dépendance aux importations et à poser les bases d’une production locale compétitive. À terme, cette approche pourrait positionner le royaume comme un acteur régional dans l’armement, capable de répondre non seulement à ses propres besoins, mais aussi d’exporter certaines technologies.
Si cette coopération militaire continue de se renforcer, elle pourrait servir de modèle de partenariat en Méditerranée, favorisant la stabilité régionale tout en consolidant les intérêts stratégiques des deux nations.