En 2024, l’Algérie a expulsé au moins 31.404 migrants vers le Niger, un chiffre record qui dépasse largement celui de 2023 (26.031 refoulés), selon l’ONG nigérienne Alarme Phone Sahara (APS). Ce chiffre marque une nette augmentation des expulsions documentées depuis 2014 et met en lumière les conditions brutales auxquelles sont confrontés les migrants, notamment des femmes et des mineurs.
Une expulsion historique qui marque la mémoire collective marocaine
Ces expulsions massives rappellent un épisode sombre de l’histoire marocaine : l’expulsion brutale de dizaines de milliers de Marocains en 1975, après la Marche Verte. À cette époque, le gouvernement algérien avait décidé de sanctionner le Maroc pour sa récupération pacifique du Sahara, en expulsant des familles marocaines vivant en Algérie depuis des années. Ces expulsions, marquées par la séparation des familles et la confiscation de biens, s’étaient déroulées dans des conditions inhumaines, laissant une blessure profonde dans la mémoire collective marocaine et symbolisant une politique de représailles qui a ciblé des innocents sans considération pour leurs droits humains fondamentaux.
Des expulsions massives et des conditions dénoncées
Les migrants, souvent arrêtés dans leurs maisons, sur leur lieu de travail ou à la frontière tunisienne, sont regroupés à Tamanrasset, dans le sud algérien, avant d’être transportés dans des camions jusqu’au Niger. APS dénonce ces opérations comme étant menées dans des conditions « brutales », parfois « mortelles », selon leur dernier communiqué.
Réactions et tensions diplomatiques
Cette politique d’expulsions a conduit à des tensions diplomatiques entre le Niger et l’Algérie. En avril, les autorités nigériennes ont convoqué l’ambassadeur d’Algérie pour protester contre le « caractère violent » des opérations. De son côté, Alger a rejeté ces accusations, convoquant à son tour l’ambassadeur du Niger et qualifiant ces allégations de « sans fondements ».
Une dynamique migratoire régionale complexe
Le Niger, également confronté à des expulsions depuis la Libye, a accueilli le 1er janvier 770 migrants refoulés par Tripoli. Cependant, contrairement aux pratiques dénoncées en Algérie, ces opérations ont été encadrées par une escorte militaire et coordonnées avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), offrant un minimum de soutien humanitaire aux personnes expulsées.
Un cadre juridique assoupli au Niger
Depuis le coup d’État militaire au Niger en 2023, la loi de 2015 criminalisant le trafic de migrants a été abrogée, permettant à de nombreuses personnes de circuler librement sur les routes migratoires sans craindre les représailles auparavant encourues.
La crise migratoire dans la région reste un défi majeur, mettant en lumière la nécessité d’une gestion plus humaine et coordonnée des flux migratoires.
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