À l’approche de la Coupe d’Afrique des Nations que le Maroc s’apprête à accueillir dans quelques jours, une voix s’élève du monde de la culture pour dénoncer une mise à l’écart ressentie comme une injustice. L’actrice et metteuse en scène marocaine Fatima Nouali exprime sa profonde déception face à l’absence de réponse officielle autour de son projet artistique « Léon l’Africain », conçu spécialement pour accompagner l’événement continental.
Pensé comme un pont entre sport et culture, ce spectacle mêlant théâtre, musique et danse devait être présenté sous l’intitulé « Entre deux mi-temps ». L’idée : offrir, avant les matchs et sur des écrans géants en plein air aux abords des stades, un tableau vivant du Maroc, de sa profondeur africaine et de son ouverture sur le monde. Au cœur du projet, la figure de « Leo Africanus », ou Hassan El Ouazzane, qui revient du passé pour découvrir un Maroc moderne, festif, connecté à son continent et à la scène internationale.
Porté par la troupe « Shada El Bayda », le spectacle mobilise entre 30 et 40 artistes – comédiens, musiciens et danseurs – dont des noms connus comme Hicham Bahloul et Majida Benkirane. Un projet « abouti, prêt à être joué », insiste Fatima Nouali, qui assure avoir travaillé pendant des mois pour que cette création soit à la hauteur d’un événement de l’ampleur de la CAN.
Mais malgré le dépôt du dossier auprès du ministère de la Culture, du Conseil de la ville de Casablanca, du Conseil régional et du Conseil préfectoral, aucune réponse officielle n’est venue. La seule explication, évoquée officieusement par un responsable local, tient à un « manque de budget », alors que d’autres initiatives auraient, elles, obtenu un soutien. De quoi interroger, selon l’artiste, les critères de sélection et l’égalité des chances entre porteurs de projets.
Fatima Nouali dénonce également des exigences administratives « impossibles », comme une demande de délégation préalable du Pacha alors que la procédure veut d’abord l’aval du ministère de la Culture. Elle affirme avoir écrit au maire de Casablanca et au gouverneur, sans retour à ce jour, voyant dans ce silence un signe de négligence envers ce projet, mais aussi envers le théâtre marocain dans son ensemble, dont de nombreux artistes vivent exclusivement.
Si elle reconnaît que le ministère a déjà soutenu certaines de ses œuvres, elle regrette que les grands projets soient « souvent accaparés par les mêmes groupes », renforçant un sentiment d’injustice et d’exclusion. Fatima Nouali lance ainsi un appel au Conseil de la ville, aux autorités locales et aux responsables culturels pour reconsidérer le dossier de « Léon l’Africain » et, au-delà, la place donnée aux artistes dans la mise en scène de l’image du Maroc à l’occasion de la CAN.










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