La question de l’avenir de TikTok au Maroc revient avec insistance dans le débat public. Alors que l’Égypte a récemment franchi le pas en adoptant des mesures restrictives pouvant mener à l’interdiction pure et simple de la plateforme, le Royaume pourrait, à son tour, envisager une réaction face aux dérives observées sur son territoire.
Une plateforme sans limites
En Égypte, la décision a été motivée par la multiplication de contenus jugés contraires aux valeurs du pays, à la religion et à la morale. Au Maroc, le constat est similaire : l’absence de modération efficace et la permissivité de l’application favorisent la prolifération de vidéos choquantes. Ces dérives causent parfois des drames au sein des familles, des tensions dans les couples et normalisent des comportements inqualifiables, sous couvert d’une liberté d’expression mal comprise.
Une menace pour la cohésion sociale
De plus en plus de voix s’élèvent pour alerter sur l’impact de TikTok sur l’équilibre de la société marocaine. Comme en Égypte, la plateforme pourrait rapidement devenir une menace réelle pour la cohésion sociale, en sapant les fondements des valeurs culturelles et religieuses qui structurent la communauté. L’outil numérique, censé être un espace de créativité, se transforme souvent en une vitrine de provocations et de polémiques.
Les jeunes en première ligne
TikTok attire principalement les adolescents et les jeunes adultes. Cette forte exposition soulève des inquiétudes sur la formation de leur identité et leur rapport aux valeurs traditionnelles. Certains contenus violents, vulgaires ou à caractère sexuel peuvent influencer négativement leur comportement et accentuer un décalage générationnel déjà palpable.
Santé mentale et addiction numérique
L’usage intensif de TikTok entraîne une dépendance qui impacte la concentration, la réussite scolaire et la santé psychologique. Des études internationales associent l’application à des troubles tels que l’anxiété, la dépression et l’isolement social. Au Maroc, ces risques sont encore peu documentés, mais ils existent bel et bien.
Désinformation et sécurité nationale
Au-delà des enjeux sociaux, TikTok est également critiqué pour être un canal de diffusion de fake news, de rumeurs et de propagande. Dans certains pays, la plateforme est perçue comme un outil d’ingérence ou de manipulation, soulevant des préoccupations liées à la sécurité nationale. Le Maroc ne peut ignorer ces risques dans un contexte mondial marqué par l’instabilité informationnelle.
Une économie numérique à risque
Il ne faut pas oublier que TikTok représente aussi une opportunité économique. De nombreux jeunes Marocains en ont fait une source de revenus grâce à la création de contenus sponsorisés. Une éventuelle interdiction menacerait cette nouvelle économie numérique, créant un dilemme entre la protection des valeurs sociales et le soutien à l’innovation et à l’entrepreneuriat digital.
La régulation internationale comme modèle
À l’échelle mondiale, plusieurs pays ont adopté des mesures restrictives. L’Inde a interdit l’application, tandis que l’Union européenne, les États-Unis ou encore le Canada imposent des régulations strictes, notamment dans la protection des données personnelles. Le Maroc pourrait s’inspirer de ces expériences pour encadrer TikTok sans nécessairement l’interdire totalement.
Le rôle des familles et de l’éducation
Au-delà des mesures gouvernementales, la régulation passe aussi par l’éducation et la sensibilisation. Les parents ont un rôle crucial dans l’accompagnement numérique de leurs enfants, et l’école pourrait intégrer davantage de programmes d’éducation digitale afin de préparer les jeunes à un usage responsable des réseaux sociaux.
Prévenir plutôt que guérir
La question de l’interdiction de TikTok au Maroc reste ouverte. Mais une certitude s’impose : il vaut mieux prévenir tôt que guérir tard. Un rappel à l’ordre de la plateforme, assorti de règles strictes en matière de modération et de respect des valeurs locales, serait une première étape. À défaut, le pays pourrait être contraint d’aller plus loin, au risque d’être accusé de réprimer la liberté d’expression.
Par Salma Semmar
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