Le procès tentaculaire lié au baron de la drogue présumé Ahmed Ben Brahim, alias “Escobar du Sahara”, a pris un nouveau tournant jeudi à la Cour d’appel de Casablanca. Dans une réquisition dense et argumentée, le vice-procureur général du Roi, Jamal El Bouzaidi, a exposé ce qu’il considère comme un système organisé de faux actes, transactions immobilières frauduleuses et dissimulations financières, impliquant une notaire, l’ex-président du Wydad Saïd Naciri, l’ancien député El Qassem Belmir et l’homme d’affaires Fouad Elyazidi.
Selon le ministère public, onze contrats immobiliers portant sur des biens attribués à Ben Brahim, Naciri puis Elyazidi seraient entachés de faux. La notaire mise en cause aurait non seulement enfreint les règles de sa profession en se déplaçant de son étude de Oujda à Casablanca sans autorisation, mais également inscrit dans plusieurs actes la présence d’acheteurs à des dates qui ne correspondent pas à la réalité. Six contrats n’auraient jamais été régularisés, tandis que les cinq autres comporteraient des altérations qualifiées de faux en écriture publique.
Le parquet s’est longuement attardé sur les contradictions entourant les déclarations de Saïd Naciri, qui affirmait avoir acquis deux appartements contre une voiture Mercedes. Une version démentie par un témoin-clé, lequel assure que la vente n’a jamais été finalisée et que le véhicule avait été récupéré avant d’être vendu à un tiers. Pour le ministère public, ces incohérences constituent un indice probant d’escroquerie.
Le dossier de la célèbre “villa California”, au quartier huppé du même nom à Casablanca, a également été disséqué. Le parquet affirme que le bien n’a jamais appartenu légalement à Belmir, rendant impossible sa vente à Naciri. Le contrat de 2017 serait fondé sur une procédure falsifiée, avec un prix identique à celui d’une transaction antérieure malgré la flambée immobilière. Des chèques obsolètes, l’implication de la société Prado, et la domiciliation anticipée du bien renforcent, selon le ministère public, les soupçons de faux et usage de faux.
En conclusion, la justice requiert la condamnation des mis en cause, la confiscation des biens liés aux activités illégales et la destruction des documents falsifiés, estimant que les infractions sont établies dans toutes leurs composantes.










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