Marchant pieds nus, par un temps glacial et sur les sentiers enneigés de la région de Béni Mellal, les femmes et les enfants de la localité de Boutferda ont pris l’habitude de sortir manifester pour dénoncer leur situation et revendiquer, au péril de leur vie, leurs droits élémentaires.
Une précédente sortie, destinée à réclamer un centre d’accueil pour les filles contraintes de parcourir des kilomètres afin de rejoindre leurs établissements scolaires, avait été violemment repoussée par les forces de l’ordre.
L’objectif de ces dernières était d’empêcher ces manifestantes, qui ont pris l’habitude de se placer en tête des mouvements de protestation, d’atteindre le chef-lieu de la région, Béni Mellal. Mais leurs voix n’ayant pas été entendues, elles ont récidivé, déterminées à obtenir satisfaction pour des revendications qui englobent notamment la facilitation des autorisations de construire, aujourd’hui à l’arrêt, ainsi que le développement régional. Privées de tout, ces populations ont fini par perdre l’espoir de voir leur vécu difficile pris en considération, tandis que leurs enfants subissent le même sort.
Ce cas éloquent illustre parfaitement l’appel du Roi à une équité territoriale, visant à réduire le fossé entre des villes modernes disposant de toutes les infrastructures et de tous les moyens, et d’autres, éloignées, semblant vivre dans un autre âge. Le village de Boutferdal subit une double peine : à la rudesse du climat et aux conditions de vie difficiles s’ajoute une exclusion persistante, qui condamne ses habitants à l’oubli, sans pouvoir aspirer au strict minimum quotidien.
L’injustice est d’autant plus grande que cette région dispose d’énormes potentialités et d’une attractivité rare en matière de tourisme de montagne, qui ne demandent qu’à être exploitées et développées pour le bien-être de la région et de ses habitants. Mais, malheureusement, le ministère de tutelle et les investisseurs continuent de regarder ailleurs, vers Marrakech, Agadir ou d’autres destinations, ignorant que Boutferdal pourrait devenir une véritable mine d’or et une bouée de sauvetage, pour le présent comme pour l’avenir de ses habitants.
Par Jalil Nouri
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