À quelques jours du coup d’envoi du festival Mawazine – Rythmes du Monde, un sérieux imbroglio juridique vient ternir la perspective d’un moment fort de la programmation : le spectacle en hologramme du légendaire chanteur égyptien Abdelhalim Hafid. Ce show très attendu, après le succès rencontré par l’hommage à Oum Kalthoum lors de la précédente édition, est aujourd’hui compromis par un conflit ouvert entre les organisateurs et les ayants droit du « rossignol brun ».
Selon plusieurs sources, les héritiers du chanteur – décédé en 1977 – n’auraient jamais été sollicités ni consultés pour autoriser l’utilisation de l’image, de la voix ou du répertoire du chanteur. Face à ce qu’ils considèrent comme une exploitation abusive de l’image d’un artiste emblématique sans leur accord, ils ont exprimé leur volonté de saisir la justice et envisagent de lancer une procédure internationale pour atteinte aux droits d’auteur et au droit à l’image.
Du côté de la production, c’est l’incompréhension. La société chargée du spectacle affirme avoir acquis les droits nécessaires et respecter toutes les obligations contractuelles en lien avec ce type de technologie immersive. Quant à la direction du festival, elle campe sur sa position et maintient le spectacle au programme, soulignant la légitimité du partenariat conclu avec les producteurs.
L’affaire, désormais médiatisée, dépasse le simple désaccord contractuel. Elle soulève des questions sensibles autour de l’héritage artistique, de la propriété intellectuelle posthume et des usages technologiques de figures mythiques de la chanson arabe.
Le litige n’en est qu’à ses débuts, et son issue pourrait bien faire jurisprudence. En attendant, l’incertitude plane sur la tenue du spectacle, qui devait attirer un large public nostalgique. La mémoire d’Abdelhalim Hafid, loin d’être oubliée, est aujourd’hui au cœur d’un combat entre devoir de mémoire et droit de propriété.
Par Jalil Nouri