Faute de matériel spécialisé et approprié, des animaux souffrant de double fracture sont abattus sans possibilité d’être sauvés par les vétérinaires du Fondouk américain de Fès
C’est le constat amer et tragique, jugée inadmissible par une jeune touriste américaine, pédiatre de profession en visite il y a quelques semaines à Fès .
Profitant de son séjour dans la capitale spirituelle, cette défenseure et militante de la cause animale a été scandalisée et choquée d’apprendre que les vétérinaires travaillant de manière bénévole se voyaient obligés d’abattre tous les animaux souffrant de double fracture .
La jeune américaine , éblouie par la Médina de Fès , mais choquée par le sort réservé à certaines bêtes au Fondouk américain, décide de remuer ciel et terre . Elle se met à la recherche du matériel qui fait défaut: une machine qui coute dans les 35 mille dollars en Californie.
Elle contacte ainsi des marocains établis en Floride pour leur faire part de l’urgence de trouver une solution.
Une quête est organisée pour collecter la somme qui permettra de sauver des bêtes .
Fort heureusement, les animaux qui ne souffrent que d’une seule fracture peuvent recevoir l’aide chirurgicale et le traitement adéquat et ne courent aucun danger !
Le «Fondouk Américain» est la première clinique vétérinaire au Maroc, dédiée aux animaux malades de la ville de Fès. Elle a été construite en 1929, suite à un voyage dans le Royaume de touristes américains qui ont remarqué la manière dont étaient traités les animauxSOS pour sauver animaux en danger !
La condition animale en question
En 1926, la New-yorkaise Bessie Dean Cooper a voyagé à travers le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. «Comme de nombreux autres touristes, Cooper et ses amis ont sillonné l’Afrique du Nord», écrit Janet M. Davis dans son livre «The Gospel of Kindness. Animal Welfare and the Making of Modern America» (2016, Oxford University Press).
Elle a exprimé son inquiétude quant à la manière dont les animaux étaient traités dans les villes du royaume.
«Aucun animal là-bas ne peut être considéré comme heureux. Les chiens sont particulièrement maltraités, les équidés – chevaux, mules, chameaux et surtout les ânes – sont probablement les plus malheureux … J’en ai vu plusieurs avec des plaies emplies de vers», écrit Bessie Dean Cooper dans une de ses lettres.
Un an plus tard, Cooper et ses amis se sont motivés pour entrer en action. Le groupe a intégré la société Massachusetts pour la protection des animaux (MSPCA), dont le siège se trouve à Boston. Ils avaient pour objectif de construire un refuge à Fès.
Une donatrice américaine a fait part d’une très grande générosité en injectant 800.000 dollars pour construire l’hôpital.
Dans l’ancienne médina de Fès, se dresse le Fondouk américain. Orné des drapeaux marocain et américain et d’un panneau indiquant l’appellation de l’établissement en arabe et anglais, le Fondouk américain semble, à première vue, être un hôtel qui accueille les visiteurs et touristes de Fès.
Mais la réalité est différente. Le Fondouk est la première clinique vétérinaire caritative au Maroc. Construite en 1929 à Fès par l’Américaine Amy Bend Bishop, elle héberge des animaux dans le besoin gratuitement, et propose des soins vétérinaires aux chevaux, mulets et ânes.
Inutile pour notre part de revenir sur les circonstances historiques de la création du Fondouk , sur la question des traitements jugés » cruels et affligeants » infligés , mais dans les années 30 le résident général du protectorat français avait obligé les Fassis à conduire leurs animaux au Fondouk pour y recevoir des soins , et particulièrement les ânes exploités dans les ruelles de la Médina de Fès pour diverses taches .
Cette situation nous amène à soulever la question des animaux exploités , encore aujourd’hui , de manière inhumaine et dont les propriétaires ne jugent pas utile de consacrer un budget pour leurs soins .
Nonobstant le débat sur la condition animale, les vétérinaires de Fès et sa région qui voient d’un mauvais œil ce Fondouk qui offre des soins gratuits, on ne peut que se demander de manière légitime pourquoi une association américaine d’utilité publique ne reçoit aucune aide des pouvoirs publics, de la Région, de la wilaya ou même de l’ambassade américaine.
Entre nous, même si là n’est point le propos, entre la condition humaine et la condition animale, on est en plein et flagrant conflit culturel !
Sos pour animaux en danger en attendant que la machine en question soit achetée et délivrée au Fondouk américain.
Hafid Fassi Fihri