La crise politique a franchi un nouveau palier mardi. Emmanuel Macron, plus isolé que jamais, a chargé le Premier ministre démissionnaire Sébastien Lecornu de mener de « dernières négociations » pour tenter d’arracher une coalition et une « plateforme d’action et de stabilité ». Pari hautement incertain : la démission du gouvernement, intervenue à peine quatorze heures après sa nomination, a transformé Matignon en porte tournante et fait vaciller ce qui reste du « socle commun » centre-droite.
Coup de tonnerre dans ce ciel chargé : Édouard Philippe, chef du gouvernement de 2017 à 2020, appelle le président à organiser une élection présidentielle anticipée après le vote du budget 2026. Évoquant « l’affaissement de l’État » et l’impossibilité de prolonger dix-huit mois supplémentaires « ce que la France vit depuis six mois », l’ex-allié met la pression au moment où d’autres poids lourds prennent leurs distances. La veille, Gabriel Attal, bref locataire de Matignon en 2024, disait déjà « ne plus comprendre » les choix de l’Élysée.
Sur le terrain des tractations, Bruno Retailleau — ministre de l’Intérieur démissionnaire et catalyseur de la crise — a nuancé sa ligne : Les Républicains pourraient accepter une cohabitation à condition de ne pas « se diluer » dans la majorité présidentielle. Dans le même souffle, LR a boudé la réunion de coordination à Matignon, signe d’un attelage récalcitrant et d’une arithmétique parlementaire rétive.
À gauche, l’hypothèse d’une censure demeure. Le PS d’Olivier Faure réclame un « changement de cap » et un gouvernement de gauche, posant notamment la suspension de la réforme des retraites comme gage. Les écologistes de Marine Tondelier plaident l’union mais se heurtent aux lignes rouges : le PS refuse toute séance « en présence » de LFI, tandis que le mouvement de Jean-Luc Mélenchon brandit la motion de destitution et exige la démission du chef de l’État.
Sur l’aile droite, le Rassemblement national promet de censurer tout gouvernement jusqu’à une dissolution « incontournable » ou une démission présidentielle jugée « sage ». En cas d’échec des ultimes pourparlers, l’Élysée dit « prendre ses responsabilités », laissant planer la menace d’une nouvelle dissolution d’une Assemblée éclatée en trois blocs — sans majorité, sans relais et, pour l’heure, sans issue.