À Paris, l’exécutif a levé le voile dimanche soir sur une équipe resserrée mêlant figures aguerries et nouveaux visages. Objectif affiché : stabiliser la situation et boucler, dans un Parlement éclaté, un budget 2026 sous haute tension. Sébastien Lecornu, re-nommé Premier ministre après un bref passage à vide, mise sur une combinaison de continuité et de renouvellement afin d’éviter de nouveaux psychodrames politiques.
Côté continuité, Roland Lescure conserve l’Économie et les Finances, portefeuille crucial pour piloter la trajectoire de déficit et négocier une majorité de circonstance autour du budget. Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères, Gérald Darmanin à la Justice. Côté inflexions, Laurent Nuñez, ex-préfet de police de Paris, prend l’Intérieur, et Catherine Vautrin hérite des Armées, deux postes clés dans un contexte sécuritaire et international tendu.
Plusieurs profils issus de la société civile ou du monde para-public font leur entrée : Jean-Pierre Farandou, patron sortant de la SNCF, au Travail et aux Solidarités ; Monique Barbut, ancienne responsable onusienne de la lutte contre la désertification et ex-présidente de WWF France, à la Transition écologique et à la biodiversité ; Édouard Geffray à l’Éducation nationale. Message envoyé : ancrer l’action gouvernementale dans l’expertise opérationnelle et l’écologie de résultats.
Lecornu assume une logique « ni totems, ni prétendants » : éviter les profils à forte ambition présidentielle, tout en « faisant émerger de nouveaux visages ». Reste l’épreuve du réel : un calendrier budgétaire serré, des taux de financement moins cléments, et une opposition qui promet de tester la solidité de l’attelage dès les premières séances (motions de censure en vue). Les arbitrages sur l’endettement, la dépense et la réforme de l’État serviront de crash-test à ce gouvernement « phase 2 ».
Si l’exécutif parvient à engranger des compromis sur le budget et quelques textes structurants (pouvoir d’achat, industrie, transition), il gagnera de l’oxygène politique ; à défaut, il replongera dans l’instabilité chronique ouverte depuis les législatives sans majorité absolue. Pour Lecornu, l’heure est aux majorités d’idées plus qu’aux appartenances.