La tension atteint un nouveau pic au Moyen-Orient. Dimanche, les États-Unis ont lancé des frappes ciblées sur trois sites considérés comme névralgiques pour le programme nucléaire iranien, provoquant l’onde de choc diplomatique redoutée depuis le début du conflit ouvert entre Israël et l’Iran. Téhéran a immédiatement réagi, promettant des « conséquences éternelles », tandis que 30 missiles étaient tirés vers Israël quelques heures plus tard, selon la télévision d’État iranienne. Un acte de représailles suivi de 16 blessés recensés en Israël.
Face à cette escalade militaire sans précédent depuis des années, les capitales arabes ont exprimé leur vive inquiétude, appelant à la retenue et à un retour rapide au dialogue diplomatique.
Une levée unanime d’inquiétudes arabes
L’Égypte, traditionnellement prudente dans ses prises de position régionales, a dénoncé une « escalade aux conséquences graves » et a plaidé pour des solutions politiques durables. Le ministère égyptien des Affaires étrangères a averti contre un glissement vers davantage de chaos, au moment où la région est déjà secouée par la guerre à Gaza et des tensions multiples.
Même tonalité du côté de Riyad. L’Arabie Saoudite, récemment engagée dans un rapprochement timide avec Téhéran, a exprimé une « grande préoccupation » et appelé la communauté internationale à intensifier ses efforts pour une issue politique évitant la propagation du conflit.
Les Émirats Arabes Unis, acteurs influents du Golfe, ont eux aussi lancé un appel clair à « la cessation immédiate de l’escalade » en insistant sur la diplomatie et le dialogue. Une posture partagée par le Qatar, qui a mis en garde contre les « conséquences catastrophiques » d’un embrasement généralisé.
D’autres voix, du Koweït à Oman, ont fustigé la logique guerrière et mis en avant l’impératif d’un arrêt immédiat de toute action militaire. Au Liban, le président Joseph Aoun a alerté sur un risque de contagion régionale, quand le gouvernement irakien a condamné fermement l’attaque, y voyant une menace directe à la paix régionale.
Une région au bord du gouffre
L’unanimité des pays arabes sur ce dossier met en lumière une crainte profonde : celle de voir le conflit israélo-iranien franchir un seuil de non-retour, avec des retombées potentiellement explosives dans un Moyen-Orient déjà fragilisé. Tous appellent à l’apaisement, mais peu semblent avoir une réelle influence pour enrayer la spirale de violence.
L’attaque américaine soulève en outre un tabou : celui de frapper des installations nucléaires, une ligne rouge que nombre de diplomates redoutaient de voir franchie. Elle ravive les craintes d’une militarisation nucléaire régionale et réveille le spectre d’un conflit de grande ampleur impliquant plusieurs puissances.
Entre engrenage militaire et vacillement diplomatique
Cette nouvelle phase du conflit marque une bascule inquiétante. Si les États-Unis justifient leur action par la nécessité de contenir la menace iranienne, la décision de viser des sites nucléaires accroît le risque d’un embrasement aux dimensions incontrôlables. L’Iran, isolé mais résilient, pourrait répondre de manière asymétrique à travers ses alliés régionaux, du Hezbollah au Yémen.
Quant aux pays arabes, leur voix, quoique unanime dans la prudence, souffre d’un déficit d’influence sur les deux camps engagés. Leur appel à la retenue résonne davantage comme une alerte qu’une capacité d’action.
Si la diplomatie ne reprend pas très rapidement ses droits, c’est l’équilibre de toute la région qui pourrait s’effondrer — avec des conséquences allant bien au-delà du Moyen-Orient. L’heure est grave, et les appels à la désescalade ne doivent pas rester lettre morte.
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