Dans une opération militaire d’une ampleur inédite depuis la révolution islamique de 1979, les États-Unis ont mené, dans la nuit de samedi à dimanche, une attaque aérienne contre trois installations nucléaires iraniennes, rejoignant ainsi l’offensive israélienne entamée il y a onze jours. Cette escalade militaire place la région du Moyen-Orient au bord d’une confrontation directe et potentiellement incontrôlable.
Le président américain Donald Trump s’est félicité de l’opération, affirmant que les frappes américaines ont causé des « dégâts monumentaux » et que les sites visés avaient été « complètement détruits », y compris en profondeur grâce à des bombes anti-bunkers. Les images satellites confirment des impacts visibles, mais l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), convoquée en urgence lundi à Vienne, se dit pour l’instant incapable de mesurer l’ampleur exacte des dégâts, notamment sur les installations souterraines comme celle de Fordo.
Une riposte iranienne imminente ?
Téhéran n’a pas tardé à réagir. Dans une vidéo diffusée sur la télévision d’État, un porte-parole des forces armées iraniennes, Ebrahim Zolfaghari, a menacé de frapper les intérêts américains dans la région, promettant « de lourdes conséquences » et des « opérations militaires puissantes et ciblées ». Plus encore, l’Iran a indiqué que l’éventail de ses cibles légitimes s’étendrait désormais à toute présence militaire ou logistique liée aux États-Unis.
Sur le terrain, l’armée israélienne poursuit ses frappes. Lundi matin, elle a annoncé avoir mené un raid sur plusieurs sites de lancement et de stockage de missiles dans la région de Kermanshah, en Iran occidental. Selon les renseignements militaires israéliens, ces installations représentaient une menace directe contre le territoire israélien.
Le Conseil de sécurité s’alarme, les alliés divisés
Réuni dimanche en session d’urgence à la demande de l’Iran, le Conseil de sécurité des Nations Unies a entamé des discussions sur un projet de résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat. Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a exprimé sa « profonde inquiétude » face à une escalade qui menace l’équilibre régional et a exhorté les parties à revenir à la table des négociations.
Du côté occidental, la prudence est de mise. Si les pays européens – France, Allemagne, Royaume-Uni – appellent l’Iran à la retenue, ils n’ont pas condamné les frappes américaines. L’Australie, elle, a ouvertement soutenu l’opération. Le Premier ministre Anthony Albanese a défendu la nécessité d’empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire, tout en appelant à éviter une guerre régionale généralisée.
Exécutions, pressions internes et durcissement du régime
En parallèle à cette tension internationale, Téhéran envoie aussi un message de fermeté à l’intérieur de ses frontières. Lundi matin, la justice iranienne a annoncé l’exécution de Mohammad-Amin Mahdavi Shayesteh, accusé d’espionnage au profit d’Israël et de collaboration avec la chaîne Iran International, considérée comme hostile au régime. Le pouvoir judiciaire promet d’accélérer les procédures contre ceux qu’il accuse de trahison, dans un climat de plus en plus répressif.
Ce qu’il faut retenir de cette guerre en cours :
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Un tournant stratégique : C’est la première frappe américaine directe contre des cibles en Iran depuis 1979. Elle marque une rupture historique et un signal fort envoyé par Washington.
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L’objectif nucléaire : Israël et les États-Unis visent à anéantir les capacités iraniennes de produire une arme atomique. Les sites frappés sont parmi les plus sensibles du programme nucléaire iranien.
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Une riposte probable : L’Iran promet des représailles militaires. Une escalade plus large impliquant des milices régionales pro-Téhéran est hautement probable.
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Une diplomatie sous pression : L’ONU et l’Union européenne appellent à la désescalade, mais la division entre alliés occidentaux et l’absence de condamnation des frappes américaines illustrent les tensions géopolitiques.
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Le facteur Trump : Le président américain assume l’usage de la force, va jusqu’à évoquer un « changement de régime », et s’impose au cœur de cette nouvelle ère de confrontation.
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Une poudrière régionale : La guerre entre Israël et l’Iran, désormais directe, menace d’embraser tout le Moyen-Orient. Les prochaines heures seront décisives pour savoir si le point de non-retour est franchi.