Le froid a encore frappé là où personne ne devrait mourir dans l’indifférence : les reliefs isolés de l’Oriental, à la lisière de la frontière maroco-algérienne. Entre le 3 et le 12 décembre, les autorités marocaines ont retrouvé neuf corps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne, sept hommes et deux jeunes femmes, dans la zone de Ras Asfour, près de Touissit, en province de Jerada, selon un communiqué de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), section Oujda.
D’après l’AMDH, ces personnes auraient succombé au froid glacial, leurs corps « épuisés » n’ayant pas résisté aux températures hivernales d’un secteur montagneux, accidenté et peu habité. Le communiqué précise que cinq victimes n’ont pas été identifiées, et que des inhumations ont eu lieu le 12 décembre au cimetière de Jerada, tandis que certaines dépouilles ont été conservées à la demande de proches le temps de confirmer leur identité. Le parquet aurait également répondu favorablement à une requête visant à ne pas enterrer immédiatement la dépouille d’une migrante guinéenne afin de laisser à sa famille la possibilité d’une vérification.
Au-delà du drame, l’affaire met en lumière une réalité persistante : la frontière orientale, déjà marquée par l’isolement et la rudesse du relief, devient en hiver un piège mortel pour des migrants en errance, souvent bloqués, précarisés et poussés vers des routes toujours plus dangereuses. L’Associated Press rappelle que le Maroc reste un point de transit majeur pour ceux qui tentent de rejoindre l’Europe, pendant que le durcissement des contrôles et la multiplication des barrières déplacent les parcours vers des zones plus hostiles, où la survie dépend parfois d’un simple abri introuvable.
Dans la région de Jerada, la société civile salue la mobilisation des habitants lors des funérailles, mais l’AMDH dit son inquiétude face à ces décès, appelant à un traitement plus humain des situations de migration et à des mécanismes d’identification et de prévention pour éviter que l’hiver ne se transforme en sentence.
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