Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, est-il sérieux et crédible lorsqu’il se dit prêt à dialoguer avec des représentants de la Gen Z — à l’origine du climat délétère et des troubles que connaît le pays — alors même que certains d’entre eux lui demandent de partir et d’en appeler au Roi Mohammed VI, qui s’expliquerait lors de son prochain discours d’ouverture du Parlement ?
Quand bien même il voudrait emprunter ce raccourci pour obtenir des résultats immédiats, avec qui dialoguerait-il concrètement ? Des interlocuteurs virtuels et anonymes censés représenter 150 000 utilisateurs de la plateforme Discord, dont on ignore s’ils sont tous marocains et s’ils mesurent la réalité spécifique d’un pays sous pression ? Reconnaissons que l’hypothèse est peu réaliste.
Si l’objectif est de réunir les jeunes concernés, âgés de 18 à 34 ans — selon l’esprit même de la Gen Z — par l’entremise de porte-parole acceptant de s’asseoir à la même table qu’Aziz Akhannouch et les ministres compétents, alors ces représentants doivent être identifiés et rassemblés au Maroc, et non via une messagerie instantanée ouverte à n’importe quel internaute. Un tel procédé ne refléterait en rien les attentes réelles d’une génération qui ne veut plus de discours creux, mais des décisions immédiatement opérationnelles, sous arbitrage et garantie royales.
L’urgence est réelle. Si l’on retient le principe d’une rencontre participative à tenir dans un délai d’un mois, avec des jeunes des deux sexes représentant chaque région — une jeune femme et un jeune homme par région — sur la base de propositions transmises à l’avance aux services du chef de l’Exécutif, en contrepartie de l’arrêt immédiat des manifestations, cette démarche offrirait de meilleures chances de résultats et davantage de visibilité.
Cette alternative paraîtra peut-être naïve à certains, mais elle a déjà fait ses preuves, sous des formes variées, dans de nombreux pays confrontés à des situations similaires. Cessons de croire que la solution viendra de Discord : elle viendra d’un cadrage institutionnel clair, d’interlocuteurs identifiés et d’engagements concrets.
Par Jalil Nouri