Un constat fait consensus : le Maroc vit des transformations sociales, culturelles et politiques profondes. L’ouverture au monde et la puissance des plateformes — guidées par des logiques de recommandation — ont déplacé l’épicentre de l’expression citoyenne : des marches encadrées vers des mobilisations numériques, rapides et diffuses, rassemblées par commodité sous l’étiquette « Gen Z ». À ce stade, il ne s’agit pas d’un mouvement structuré — pas de leadership identifié ni de plateforme revendicative consolidée — mais d’une réactivité en ligne qui agrège des attentes claires : éducation, santé, emploi, logement, dignité.
Qu’il y ait ou non des tentatives d’instrumentalisation importe moins que l’essentiel : le mouvement est là. La réponse doit être politique au sens noble : des mesures précises, évaluables et co-construites. La sécurité informationnelle relève d’institutions aguerries ; le reste est affaire de débat démocratique, de transparence et d’exécution.
Un pilier manque trop souvent : l’exemplarité. Le pays ne peut avancer « à une seule vitesse » si des acteurs détournent les deniers publics. Il faut le dire sans détour et sanctionner sans délai. Concrètement : déclaration et contrôle effectifs du patrimoine des responsables, registre public des intérêts, traçabilité intégrale des marchés (e-procurement), publication des rapports de la Cour des comptes avec plans correctifs datés, protections réelles des lanceurs d’alerte, récupération systématique des fonds détournés, et barème de sanctions graduées mais certaines — administratives, financières et pénales. La lutte anticorruption n’est pas un slogan : c’est la condition de la confiance.
Trois leviers d’action s’imposent en parallèle. Parler clair et rendre des comptes : calendrier à 90 jours sur les priorités (soins de première ligne, transparence des frais scolaires, chèques-stages, logement étudiant) et tableau de bord trimestriel en open data. Associer la jeunesse : instance permanente de concertation (campus, formation pro, territoires), sièges consultatifs dans l’évaluation des politiques, et littératie numérique généralisée contre l’infox. Ouvrir le jeu : partis libérés des réflexes d’appareil, recrutement et formation de jeunes profils, collectivités et associations renforçant l’écoute de terrain, médias et créateurs produisant des formats pédagogiques sur les réformes et leurs effets.
Le cap est connu : un Maroc à une seule vitesse, comme l’a rappelé le Souverain, celle qui va dans le bon sens pour tous. La jeunesse n’est pas un risque : c’est la première ressource du pays — à transformer en puissance constructive, dans un État exemplaire.