Ils sont au cœur des conversations politiques, omniprésents dans les discours officiels, tout-puissants sur les réseaux sociaux, scrutés par les médias et étudiés par les sociologues : les jeunes ont pris toute la place qui leur revient. Depuis plusieurs mois, un mouvement de contestation ou plutôt d’interpellation citoyenne a réveillé les consciences au Maroc comme ailleurs. Il a surtout mis en lumière des attentes concrètes : emploi digne, éducation de qualité, accès à la santé (y compris mentale), transparence des politiques publiques, et participation réelle aux décisions.
Au Maroc, ce signal n’a pas été pris à la légère. Les autorités ont engagé des réponses rapides sur plusieurs fronts, de mesures d’apaisement symboliques à des chantiers plus structurels. Mais l’enjeu dépasse l’urgence : il s’agit désormais de transformer l’expression d’un moment en architecture durable. Autrement dit, passer du « on vous a entendus » au « voici comment vous gouvernez avec nous ».
Les contours de cette évolution se dessinent : des programmes nationaux dédiés aux 15-29 ans plus ciblés, mieux financés et évaluables (indicateurs publics, calendriers, transparence budgétaire). Sur la table : un pack emploi-formation (apprentissage, filières courtes à forte employabilité, stages rémunérés), un chèque mobilité pour relier études et travail, un guichet unique pour l’entrepreneuriat jeune (financement, mentorat, marchés publics ouverts), le sport et la culture comme services essentiels, des maisons de la jeunesse 2.0 (coworking, fablabs, studios), la santé mentale intégrée aux soins primaires, et une représentation formelle dans les conseils locaux et nationaux, avec droit de saisine et retour obligatoire de l’administration.
Reste la question clé : que restera-t-il de cette effervescence ? La réponse tient à trois conditions. D’abord, institutionnaliser l’écoute (forums réguliers, budgets participatifs, consultation numérique continue). Ensuite, co-construire (les jeunes au comité de pilotage, pas seulement dans les photos). Enfin, rendre des comptes (tableaux de bord publics, audits indépendants, corrections de trajectoire). Écouter la jeunesse, ce n’est pas lui « donner la parole » le temps d’une séquence ; c’est partager le pouvoir durablement. Le pays en sortira plus juste, plus innovant et plus résilient.
Par Mounir Ghazali











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