Difficile d’affirmer que la gestion du médicament par le ministère de la Santé et sa nouvelle entité, l’AMMS — Agence marocaine du médicament et des produits de santé — se porte au mieux, au regard de la situation complexe et des problèmes dans lesquels elle continue de se débattre. Une déconfiture de plus dans le secteur de la santé, dès le lancement de cette instance pourtant attendue et espérée depuis des décennies, qui se retrouve confrontée à un imbroglio inextricable dès ses premiers pas.
Le retard à l’allumage, aux conséquences douloureuses pour la santé du citoyen, se fait ressentir dans tous les compartiments, donnant lieu à une véritable crise du médicament, inédite par son ampleur et son acuité, et qui semble s’installer dans la durée.
Les étagères des pharmacies se vident de produits indispensables pour les patients atteints de maladies graves ou chroniques. Les approvisionnements se font au compte-gouttes et les décisions majeures, attendues à tous les niveaux, tardent à être prises.
Et pour cause : depuis sa création, l’agence est condamnée à fonctionner au ralenti, faute de personnel qualifié. Une majorité de cadres ont déserté leurs postes après avoir été privés de leur statut de la fonction publique, choisissant d’autres horizons et privant ainsi l’institution de dizaines d’années d’expérience, remplacées par de jeunes recrues récemment formées et encore en phase d’adaptation.
Avec ces dizaines de postes vacants, l’ensemble du circuit de délivrance des autorisations se trouve sérieusement hypothéqué. Une situation que la centaine de nouveaux recrutements récemment opérés par la direction de l’AMMS ne suffira pas à compenser, alors que les demandes s’accumulent, qu’il s’agisse du renouvellement de licences ou de l’octroi de nouvelles autorisations, parfois vitales.
Les baisses de prix de plus d’une centaine de médicaments s’en trouvent également retardées, au grand désarroi des malades. Plusieurs laboratoires marocains et étrangers dénoncent, eux aussi, la lenteur excessive du rythme de travail de l’agence, dont l’opérationnalité effective et l’atteinte d’un véritable rythme de croisière nécessiteront encore du temps. Il faut désormais espérer une plus grande ardeur au travail afin que l’AMMS puisse remplir sa mission, aujourd’hui entravée par la lourdeur administrative et les valses répétées de responsables.


Contactez Nous