La sélection marocaine U21 de handball fait face à une situation embarrassante. Deux de ses joueurs, Oussama Hakaoui et Moubarak Messaoudi, membres du club de l’Ittihad Nouacer, ont disparu à Bologne en Italie, où l’équipe faisait escale avant de se rendre en Pologne pour la suite du Championnat du monde.
Les deux jeunes athlètes ont quitté l’hôtel où résidait la délégation sans prévenir, laissant derrière eux leurs coéquipiers, leur encadrement, et surtout une fédération sidérée. Selon des sources proches de la délégation marocaine, les deux joueurs avaient téléphoné à leurs familles peu avant leur disparition, ce qui laisse penser à une opération minutieusement planifiée. Leurs visas étant expirés, tout porte à croire qu’ils comptent rester illégalement en Europe, suivant une tendance préoccupante qui dépasse le seul cadre du sport.
Les recherches pour les localiser n’ont pour l’instant donné aucun résultat. La Fédération marocaine de handball, en coordination avec les autorités italiennes, a intensifié les démarches pour les retrouver, sans succès à ce jour. L’encadrement a, de son côté, renforcé la surveillance du reste de l’équipe afin d’éviter de nouveaux incidents.
Cet événement ravive le souvenir de la disparition de la footballeuse Zoubida El-Bastali, qui avait quitté sa sélection lors d’un rassemblement en France. Ces cas répétés soulèvent des questions sur l’encadrement des jeunes sportifs en déplacement à l’étranger, mais aussi sur les motivations profondes de ces départs, entre détresse sociale, manque de perspectives locales, et illusion d’un avenir meilleur sur le Vieux Continent.
Malgré cette affaire, les Lionceaux de l’Atlas poursuivent leur parcours en Pologne, où ils doivent disputer leur prochain match après une victoire face au Mexique et deux défaites contre le Danemark et la France. Le sport, lui, continue, mais l’ombre de ces départs plane sur l’image des sélections nationales.
Mais derrière cet acte, que d’aucuns qualifieront de trahison envers le drapeau national, se cache une réalité plus complexe, révélatrice de failles profondes.
Ces jeunes sportifs, pourtant promus à un avenir dans les rangs de l’élite nationale, vivent souvent dans une précarité bien éloignée de l’image que véhiculent leurs maillots. En dehors du terrain, les conditions financières et sociales sont souvent peu reluisantes : faibles rémunérations, absence de contrat professionnel stable, manque de perspectives de carrière à long terme, et reconnaissance limitée.
Pour beaucoup, traverser la Méditerranée, même illégalement, apparaît alors comme une échappatoire. Le rêve européen, nourri par les récits de réussite ou d’asile, devient une option tentante, surtout lorsque l’occasion se présente lors de compétitions internationales. Ces événements offrent un visa temporaire, une liberté de mouvement, et parfois, l’illusion d’une vie meilleure, loin des contraintes du quotidien au Maroc.
La responsabilité de ces fuites ne peut être imputée uniquement aux joueurs. Elle interroge sur le rôle des fédérations, trop souvent focalisées sur la performance, et peu préoccupées par l’encadrement humain et psychologique de leurs athlètes. Il est urgent de revoir les dispositifs d’accompagnement, d’instaurer un suivi réel des jeunes talents, et surtout, de leur offrir un avenir viable au sein du pays.
Au-delà de l’anecdote, la disparition d’Oussama Hakaoui et de Moubarak Messaoudi est le symptôme d’un mal plus large. Tant que le sport ne sera pas reconnu comme une voie de carrière sérieuse, valorisée, et protégée, ces départs clandestins risquent de se multiplier, au détriment du rêve collectif et de l’image du Maroc à l’international.
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