Que se serait-il passé si le mouvement de contestation Gen Z n’avait pas été entaché par des débordements commis par de très jeunes délinquants et criminels ?
Quel aurait été son avenir s’il avait été structuré, sécurisé et porté par des leaders identifiés, capables d’organiser les manifestations et d’en garantir le cadre pacifique ?
Fort probablement, le bilan n’aurait rien à voir avec celui qui, aujourd’hui, ternit une tentative de remettre la politique gouvernementale sur des priorités urgentes au profit d’une jeunesse en attente d’un horizon plus rassurant et d’une considération accrue.
De la même manière, si des porte-parole assumés — dont l’identité et le lieu de résidence restent inconnus — s’étaient dévoilés, ils auraient pu « saisir la balle au bond » et pousser Aziz Akhannouch à tenir sa parole : ouvrir un dialogue serein, productif, construit et argumenté, afin d’esquisser un programme effectif.
Hélas, le projet a été étouffé dans l’œuf. Le gouvernement a posé des conditions unilatérales à la tenue du dialogue, convaincu qu’il était illusoire de s’asseoir à la même table avec un mouvement sans adresse ni direction, sans chef ni feuille de route. Les dérapages observés ont conforté l’Exécutif dans l’idée d’un feu de paille appelé à s’éteindre de lui-même, laissant derrière lui morts, blessés et dégâts — autant de pertes qui n’auront servi à rien une fois l’orage passé.
La leçon, à méditer pour d’éventuelles mobilisations autour des mêmes revendications, tient en trois mots : organisation, chiffrage, leadership.
Sans structuration claire, sans programme chiffré assorti d’échéances vérifiables, et sans leadership à la hauteur de l’enjeu, toute mobilisation s’expose à l’essoufflement… et à la confiscation de son message.
Par Jalil Nouri