Internet et les réseaux sociaux sont devenus un véritable terrain de jeu inspiré du célèbre studio d’animation japonais « Studio Ghibli », grâce à une nouvelle fonctionnalité récemment lancée par l’entreprise d’intelligence artificielle OpenAI.
Un engouement mondial pour l’esthétique Ghibli via l’IA
Les admirateurs de « Studio Ghibli » utilisent désormais une mise à jour du célèbre robot conversationnel « ChatGPT » pour créer des images personnelles et des mèmes inspirés du style artistique distinctif popularisé par le réalisateur et cofondateur du studio, Hayao Miyazaki.
Cette tendance a émergé en l’espace d’une seule journée après qu’OpenAI a déployé de nouvelles capacités de génération d’images mardi dernier dans son modèle « GPT-4o », la version la plus récente de ChatGPT, selon un rapport de NBC consulté par « Al Arabiya Business ».
Les utilisateurs disposant d’abonnements premium, à partir de 20 dollars par mois, peuvent télécharger n’importe quelle image dans le système et demander sa transformation « dans le style Studio Ghibli ». Ces mêmes utilisateurs peuvent également exploiter cet outil avec « Sora », le modèle d’IA d’OpenAI qui convertit du texte en vidéo.
Un phénomène viral qui inonde les réseaux sociaux
De nombreux internautes à travers le monde ont rapidement adopté cette nouvelle fonctionnalité de ChatGPT pour transformer leurs images dans le style « Studio Ghibli », inondant les réseaux sociaux et l’internet de ces créations.
Le phénomène ne s’est pas limité aux portraits personnels, mais s’est étendu aux photos d’animaux, aux captures d’écran de séries télévisées, aux événements historiques et aux mèmes populaires. Toutefois, l’usage le plus répandu consiste à faire apparaître ses photos préférées, qu’elles soient avec la famille, les amis ou les animaux domestiques, comme si elles étaient tirées d’un film produit par « Studio Ghibli ».
Sam Altman, PDG d’OpenAI, a lui-même rejoint cette tendance en changeant sa photo de profil sur la plateforme X (anciennement Twitter) pour adopter le style « Studio Ghibli ».
Inquiétudes et critiques face à cette appropriation artistique
OpenAI a lancé cette fonctionnalité dans un contexte d’inquiétudes persistantes exprimées par les artistes concernant l’incursion de la technologie d’IA générative dans tous les domaines artistiques, y compris les images, les sons et la musique.
Fin 2023, une liste révélait les noms de milliers d’artistes dont les œuvres avaient été utilisées sans consentement pour entraîner le modèle « Midjourney » de génération d’images. L’année dernière, plus de 11 000 créateurs ont signé une lettre ouverte dénonçant l’utilisation des œuvres d’artistes pour l’entraînement de l’IA sans autorisation.
Bien que de nombreux utilisateurs des médias sociaux aient exprimé leur enthousiasme à l’égard de ce nouvel outil d’IA dans ChatGPT, d’autres ont regretté que son utilisation dévalorise le travail de Miyazaki. Certains ont qualifié les images générées par l’IA de « AI Slop » (bouillie d’IA), un terme populaire décrivant les images étranges, visiblement générées par IA, qui dominent souvent les réseaux sociaux. D’autres ont simplement décrit ces images de style « Studio Ghibli » comme étant « sans âme ».
Des questions éthiques sur l’apprentissage de l’IA
Au-delà de ces critiques, la précision avec laquelle ChatGPT reproduit le style « Studio Ghibli » a soulevé des questions chez certains utilisateurs quant à la possibilité qu’OpenAI ait utilisé les œuvres du studio sans autorisation pour entraîner son modèle d’IA.
Comme de nombreuses entreprises d’intelligence artificielle, OpenAI ne divulgue pas les données spécifiques utilisées pour entraîner ses modèles. Il est intéressant de noter que Miyazaki, légendaire animateur, avait précédemment décrit l’art généré par l’IA comme une « insulte à la vie elle-même ».
Cette nouvelle fonctionnalité illustre parfaitement la tension grandissante entre l’innovation technologique et l’éthique artistique, posant des questions fondamentales sur l’originalité, le respect du travail créatif et l’avenir de l’expression artistique à l’ère de l’intelligence artificielle.