Depuis la parution, sur notre journal, de l’article intitulé « L’inclusion, ou les promesses différées », signé par Paul Mamere – premier journaliste porteur de trisomie 21 et ardent militant pour l’inclusion – notre rédaction a été submergée de messages. Lettres, témoignages et récits personnels nous sont parvenus, traduisant un besoin pressant de briser le silence autour du handicap et d’exiger des mesures concrètes.
Parmi ces courriers, nous avons choisi de publier celui de Badreddine Ailekhoui, père de Momo, un jeune autiste de 18 ans, qui livre un témoignage poignant sur la réalité que vivent les familles marocaines confrontées à l’autisme.
Depuis plus de 15 ans, il se bat pour faire connaître la situation des personnes avec autisme au Maroc, espérant chaque année que l’État prenne enfin ce dossier à bras-le-corps. Mais le constat est amer : le nombre de personnes autistes augmente, tandis que l’accès aux droits recule. Les familles, déjà épuisées par le coût exorbitant de la prise en charge, doivent s’investir personnellement pour assurer à leurs enfants une vie digne.
Badreddine raconte comment, après le diagnostic de Momo à l’âge de 4 ans, il a choisi la voie de l’écriture pour sensibiliser. Auteur de deux livres-témoignages, il persiste malgré les difficultés de diffusion, par devoir envers son fils et toutes les familles concernées.
En 2025, son cri d’alarme est clair : ni le gouvernement, ni les ministères de tutelle ne semblent à l’écoute. « Les promesses se multiplient, mais rien ne change », déplore-t-il, dénonçant aussi la prolifération d’associations qui n’aboutissent à aucun droit concret. Son message se termine par un triple appel à l’aide : « SOS… SOS… SOS…», symbole d’un combat qui ne peut plus attendre.
Ce témoignage résonne comme un appel urgent à la conscience collective. Derrière les mots de ce père, c’est la voix de milliers de familles marocaines qui se dresse, fatiguées par l’inaction, lassées des promesses vides et accablées par le poids financier et moral d’un combat quotidien. L’autisme n’est pas une cause marginale : il interpelle directement notre devoir de solidarité et de justice sociale. Il est temps que les décideurs passent des discours aux actes, afin que chaque personne autiste puisse vivre avec dignité et espoir.
Paul Mamere, fidèle à sa mission, poursuit son combat pour que l’inclusion devienne enfin une réalité tangible au Maroc. À travers ses écrits et ses prises de parole, il incarne la détermination nécessaire pour briser les barrières et accélérer le changement. Ce témoignage de Badreddine Ailekhoui vient renforcer son plaidoyer : unir toutes les voix pour transformer les promesses différées en actions concrètes et rapprocher le pays d’une société véritablement inclusive.
Par Salma Semmar