Le parquet algérien a requis, ce jeudi 20 mars 2025, une peine de 10 ans de prison assortie d’une amende d’un million de dinars (environ 70.000 dirhams) contre l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, lors de son procès devant le tribunal correctionnel de Dar El Beida, à Alger. Cette décision, qui sera tranchée le 27 mars, constitue un véritable scandale et un jugement criminel de la part des autorités algériennes, visant un homme de 80 ans, connu pour son engagement culturel et son esprit d’ouverture.
Boualem Sansal, auteur de renom de Le Serment des barbares et de 2084 : la fin du monde, a été arrêté le 16 novembre 2024 à l’aéroport d’Alger. Il est poursuivi en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien, qui qualifie « d’acte terroriste ou subversif » toute action portant atteinte à la sûreté de l’État, à l’intégrité territoriale ou au fonctionnement des institutions. Son crime ? Avoir dénoncé, dans des déclarations publiques, le découpage colonial français qui, selon lui, a amputé le Maroc de vastes territoires au profit de l’Algérie. Une position historique et critique qui, loin de menacer la sécurité nationale, relève de la liberté d’expression et de l’analyse intellectuelle.
Cet acharnement contre Sansal, un homme de culture et de dialogue, est d’autant plus révoltant qu’il intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie. Critique de longue date du régime algérien, l’écrivain, incarcéré depuis son arrestation, est devenu une cible pour un pouvoir qui semble vouloir museler toute voix dissidente. À 80 ans, Boualem Sansal mérite le respect pour son œuvre et sa contribution à la littérature mondiale, et non une telle persécution. Ce jugement criminel doit être dénoncé avec force, et la communauté internationale doit se mobiliser pour exiger sa libération immédiate.
En infligeant une telle peine à un intellectuel de renommée mondiale, l’Algérie semble vouloir adresser un message provocateur à la France, à l’Union Européenne et à tous les défenseurs des droits humains. Ce verdict, s’il est confirmé, serait une manière pour le régime algérien de défier ouvertement les valeurs de liberté et de justice, montrant son mépris pour les principes universels des droits de l’Homme et son refus de toute critique, même lorsqu’elle émane d’un homme de la stature de Boualem Sansal.
Salma Semmar