La soirée où l’Inter Miami a été éliminé de la Ligue des Champions de la CONCACAF par Vancouver Whitecaps fut particulièrement douloureuse. Selon The Athletic, ce moment ressemblait à un retour brutal à la réalité pour un club qui planait au-dessus des nuages depuis l’arrivée de Lionel Messi. Cette défaite 3-1 à domicile n’était pas qu’un simple revers, mais un rappel sévère que les noms prestigieux ne garantissent pas les trophées, et que la gloire se conquiert plutôt qu’elle ne se donne.
Il y a deux ans, lors de la présentation de Messi dans le maillot rose de Miami, certains s’interrogeaient sur les critères de réussite pour cette nouvelle étape de sa carrière et sur les ambitions dans le championnat américain. Jorge Mas, propriétaire du club, avait alors affirmé avec une confiance inébranlable : « Nous avons déjà réussi. »
Pour lui, la simple présence de Messi, Sergio Busquets et d’autres stars constituait déjà une victoire. Il n’avait pas tort. L’arrivée de Messi à Miami a transformé la MLS en phénomène mondial, attirant l’attention de New York à São Paulo. Les stades se sont remplis, les ventes de maillots ont explosé, et les revenus ont doublé. Le maillot de Messi est même devenu le plus vendu de l’histoire d’Adidas, toutes disciplines confondues. Mais le football, dans son essence, ne se mesure pas uniquement au bruit médiatique, mais aux trophées soulevés.
Javier Mascherano, qui a succédé à Tata Martino cette saison, n’a pas cherché d’excuses après l’élimination. Il a simplement reconnu : « Nous devons accepter qu’ils étaient meilleurs que nous. C’est pourquoi ils sont en finale et pas nous. »
Ce n’était pas la première fois que l’équipe se faisait éliminer à domicile en phase à élimination directe, ayant déjà chuté face à Atlanta en championnat. Sur sept trophées potentiels depuis l’arrivée de Messi, le club n’en a remporté que deux : la Leagues Cup 2023 et le Supporters’ Shield 2024. Les compétitions majeures comme la Coupe de la Ligue et la Ligue des Champions de la CONCACAF restent hors de portée pour la superstar argentine.
La vérité est que l’équipe souffre silencieusement, et avec le vieillissement de ses joueurs clés, les défis deviennent de plus en plus évidents. Luis Suárez, qui était une machine à buts au début de son aventure américaine, n’a pas marqué depuis neuf matchs consécutifs. Messi, malgré ses passes magiques et son génie, semble parfois épuisé dans un système qui ne le sert pas toujours idéalement. Quant à Busquets et Jordi Alba, ils apportent qualité et expérience, mais avec des corps usés par le temps. Avec l’approche de la Coupe du Monde des Clubs cet été, Miami se retrouve dans une course contre la montre pour réorganiser ses rangs.
Ces derniers mois, presque tout a changé au sein du club. Tata Martino est parti, le directeur sportif Chris Henderson a rejoint Atlanta, suivi par la démission de Raúl Sanllehí de son poste exécutif. Guillermo Hoyos, proche de Messi, a ensuite pris les rênes du projet sportif. De nombreux transferts ont été effectués, plus de la moitié de l’effectif précédent a quitté le navire. Le style de jeu a également évolué, l’équipe adoptant désormais un 4-2-3-1 pour plus d’équilibre. Malgré tout, le club cherche encore son identité.
Les changements ne sont pas terminés. Avant la fermeture du mercato, de nouvelles transactions ont été réalisées pour libérer de l’espace dans l’effectif. Julian Gressel est parti, Robert Taylor a été transféré à Austin, offrant une flexibilité financière pour les futures recrues estivales. Avec plus de trois millions de dollars d’allocation disponibles, le club a déjà commencé à recruter de nouveaux joueurs, dont Baltasar Rodríguez et Allan Obando en prêt. Mais les besoins demeurent, notamment sur l’aile gauche et en défense centrale.
Se projeter vers l’avenir est tout aussi crucial. Avec l’approche de 2026, Messi devrait prolonger son contrat pour rester à Miami au-delà de l’inauguration du nouveau stade. Cette prolongation soulève des questions sur l’avenir de ses trois amis. Alba, qui a livré d’excellentes performances la saison dernière et figurait dans l’équipe-type du championnat, pourrait se voir proposer une prolongation conditionnelle. Busquets, qui atteindra 37 ans, voit son statut de joueur désigné remis en question face au déséquilibre entre valeur sportive et coût financier. Quant à Suárez, malgré son amitié profonde avec Messi, il semble à la croisée des chemins, avec une baisse de régime et l’âge qui avance.
Toutes ces décisions sont délicates, car ces quatre joueurs ne sont pas de simples éléments de l’effectif, mais des symboles qui ont façonné la légende moderne du club. Cependant, la voix de la raison commence à se faire entendre, réclamant du sang neuf capable de répondre aux ambitions d’un projet que Messi voulait voir rayonner de Miami au monde entier.
En définitive, un trophée par-ci par-là peut servir de consolation, mais l’histoire qui a commencé avec un maillot rose frappé du numéro 10 continue de s’écrire. La présence de Messi à Miami constitue une victoire émotionnelle et historique, mais elle nécessite une concrétisation sur le terrain. Et le temps, comme chacun sait, n’attend personne.