Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé vendredi la reconnaissance du Somaliland en tant qu’État indépendant et souverain, marquant ainsi la première reconnaissance officielle internationale de cette république autoproclamée qui s’est séparée unilatéralement de la Somalie. Cette décision historique place Israël comme le premier pays au monde à accorder un statut officiel à ce territoire disputé.
Netanyahu a précisé que la signature de cet accord avec le Somaliland s’inscrivait dans le cadre d’une reconnaissance mutuelle entre les deux entités, ajoutant qu’Israël entendait élargir immédiatement ses relations avec cette république proclamée de manière unilatérale. Le bureau du Premier ministre a communiqué qu’Israël intensifiera sa coopération avec le Somaliland dans plusieurs domaines stratégiques incluant l’économie, la technologie, l’agriculture et la santé.
Un communiqué officiel émanant du cabinet du Premier ministre a confirmé que Netanyahu, accompagné de son ministre des Affaires étrangères Gideon Saar et du président de la république du Somaliland, ont signé une déclaration conjointe et réciproque scellant cette reconnaissance mutuelle. Cette annonce a été relayée par le président du Somaliland, Abdurrahman Mohamed Abdullahi, surnommé Irro, qui a publié des images d’un appel vidéo avec Netanyahu l’informant de cette décision historique.
Gideon Saar a déclaré sur son compte de la plateforme X que l’accord comprend également l’établissement de relations diplomatiques complètes, incluant l’ouverture d’ambassades et la nomination d’ambassadeurs dans les deux capitales. Le ministre israélien des Affaires étrangères a ajouté avoir donné instruction à son ministère d’agir immédiatement pour institutionnaliser les relations entre les deux pays dans un large éventail de domaines de coopération.
Le Somaliland, dont la capitale est Hargeisa, se situe à l’extrémité nord-ouest de la Somalie et couvre une superficie de 175000 kilomètres carrés. Cette région est bordée par l’Éthiopie au sud et à l’ouest, Djibouti au nord-ouest, le golfe d’Aden au nord et la région somalienne du Puntland à l’est. Le territoire possède un littoral stratégique de 740 kilomètres sur le golfe d’Aden, occupant une position cruciale au point de rencontre entre l’océan Indien et la mer Rouge dans la région de la Corne de l’Afrique.
Cette entité a proclamé son indépendance unilatérale de la Somalie en 1991, environ trois mois après l’effondrement du gouvernement central somalien consécutif au renversement de l’ancien président Mohamed Siad Barre. Malgré cette déclaration vieille de plus de trois décennies, aucun État membre de la communauté internationale n’avait jusqu’à présent accordé de reconnaissance officielle au Somaliland, le gouvernement somalien s’opposant fermement à toute revendication d’indépendance de ce territoire.
En août 2000, les autorités du territoire ont proposé un projet de constitution prévoyant la séparation définitive d’avec la Somalie. Un référendum organisé le 31 mai 2001 a recueilli 97,1 pour cent de votes favorables, et en 2016, le Somaliland a célébré le 25e anniversaire de cette démarche. Les négociations entre les autorités de Mogadiscio et de Hargeisa, entamées en 2012 et poursuivies jusqu’en 2023, n’ont jamais abouti à un accord.
Le territoire dispose de sa propre monnaie, le shilling du Somaliland, d’une armée et d’un corps de police indépendants. Malgré sa position stratégique sur la rive sud du golfe d’Aden, l’une des routes commerciales les plus actives au monde et à l’entrée du détroit de Bab el-Mandeb menant à la mer Rouge et au canal de Suez, le Somaliland souffre d’isolement et de pauvreté. Sa population est estimée entre 5,7 et 6 millions d’habitants selon des chiffres récents.
Le système politique est de type républicain avec un président, un gouvernement, une chambre des représentants et un sénat, chacun comprenant 82 membres. Le territoire, qui était un protectorat britannique ayant accédé à l’indépendance en 1960, s’était alors uni à la Somalie italienne pour former ensemble la République de Somalie.
Début 2024, l’Éthiopie et le Somaliland ont signé un mémorandum d’entente permettant à Addis-Abeba, pays enclavé, de louer 20 kilomètres autour du port stratégique de Berbera pour accéder à la mer Rouge pendant 50 ans à des fins navales et commerciales, en échange d’une reconnaissance du Somaliland. Cet accord a été rejeté par Mogadiscio et la Ligue arabe, provoquant des tensions régionales.
Des discussions médiatisées en mars dernier ont évoqué des négociations entre Washington et le Somaliland concernant la création d’une base militaire américaine près de Berbera, reflétant les préoccupations croissantes des États-Unis face à l’influence chinoise grandissante dans la région, notamment après l’établissement d’une base militaire chinoise à Djibouti voisin. Cette reconnaissance israélienne intervient dans un contexte géopolitique complexe où plusieurs puissances régionales et internationales se disputent l’influence dans cette zone stratégique de la Corne de l’Afrique.


Contactez Nous