Bank Al-Maghrib (BAM) prépare un tournant majeur de sa politique monétaire. À l’issue de la 4ᵉ et dernière réunion trimestrielle de 2025, tenue le 16 décembre 2025 à Rabat, le Wali Abdellatif Jouahri a annoncé le lancement, en 2026, d’une phase pilote du ciblage d’inflation, étape clé d’une transition « graduelle et prudente » vers un régime de change plus flexible.
Le scénario dessiné par la Banque centrale suit une logique séquencée. D’abord, la poursuite de la flexibilisation du change, amorcée depuis plusieurs années, puis l’expérimentation en 2026 d’un cadre de politique monétaire fondé sur une cible d’inflation explicite. L’application effective, elle, interviendrait progressivement à partir de 2027, le temps d’installer les prérequis techniques, institutionnels et surtout la compréhension des opérateurs économiques.
Ce chantier ne se fera pas seul : Jouahri a indiqué que BAM s’appuiera sur une assistance technique du FMI, de la Banque mondiale et de banques centrales partenaires déjà passées par ce type de bascule. Mais l’enjeu le plus concret, et peut-être le plus déterminant, est ailleurs : la donnée. Le Wali a souligné que les textes de 2019 envisageaient un Conseil plus fréquent que les quatre rendez-vous trimestriels actuels, mais que la disponibilité limitée de statistiques actualisées ne permet pas, à ce stade, d’accélérer le rythme. D’où une priorité clairement affichée : renforcer la statistique nationale, la rendre plus fiable, plus détaillée et plus disponible dans le temps.
En clair, BAM avance avec prudence : tester, calibrer, expliquer. Car dans un régime de ciblage d’inflation, la crédibilité se construit autant par les décisions de taux que par la capacité à orienter les anticipations. Une réforme de fond, pensée comme une montée en puissance, sans brusquer ni l’économie… ni la confiance.











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