L’affaire Khadija, du nom de cette femme défigurée par un homme sous l’effet de l’alcool à Mechra Bel Ksiri, continue de soulever une vague d’indignation dans tout le pays. Le verdict, tombé lundi, est venu attiser une colère déjà vive : l’agresseur a écopé de seulement deux mois de prison ferme et d’une amende symbolique de 300 dirhams. Une décision judiciaire jugée incompréhensible et outrageusement légère au regard des faits.
Khadija, une femme divorcée vivant à Dar El Koudari (région de Sidi Kacem), a été attaquée au visage après avoir refusé les avances d’un jeune homme issu d’un milieu aisé. L’homme, fortement alcoolisé, aurait brisé une bouteille et en aurait frappé la victime, lui infligeant des blessures graves nécessitant 88 points de suture. Elle a reçu un certificat médical d’incapacité de 35 jours.
Sur les réseaux sociaux, la vidéo de Khadija, en pleurs, a rapidement circulé. « Il m’a défiguré et vous ne lui avez donné que deux mois ? », crie-t-elle dans un cri de détresse glaçant. L’incompréhension est partagée : comment une telle violence, avec des séquelles visibles et durables, peut-elle être sanctionnée aussi légèrement ?
Les internautes dénoncent un deux poids deux mesures de la justice, qu’ils soupçonnent d’indulgence en raison du statut social de l’agresseur. Plusieurs voix réclament l’application rigoureuse de l’article 507 du Code pénal, qui prévoit des peines plus sévères pour les agressions avec usage d’arme ayant entraîné une incapacité.
Mais l’affaire est loin d’être close. L’espoir demeure que la procédure d’appel, déjà enclenchée selon les proches de Khadija, permette de corriger cette injustice flagrante. Nombre d’acteurs de la société civile, avocats et associations de défense des droits des femmes appellent à un verdict exemplaire qui reflète la gravité des faits, dissuade les agresseurs et rétablisse la confiance dans l’équité de la justice.
Ce procès en appel représente plus qu’un simple enjeu judiciaire : il est le symbole d’une société qui refuse de banaliser la violence faite aux femmes, quelle que soit l’origine sociale de l’agresseur. Le Maroc a l’occasion, à travers cette affaire, de rappeler que la dignité et l’intégrité physique des femmes ne sont pas négociables — et que l’impunité ne peut, en aucun cas, devenir la norme.