Un tribunal de Rabat vient de rendre son verdict dans une affaire qui soulève des questions sur les pratiques illégales de certains guérisseurs. Un homme pratiquant la « roqya charia », qui prétendait soigner les maladies par des méthodes spirituelles, a été condamné à quatre mois de prison avec sursis après avoir convaincu une patiente atteinte de cancer du sein d’abandonner son traitement médical.
Tout a commencé avec la plainte d’un professeur en médecine, également propriétaire d’un centre d’imagerie médicale à Rabat. Il accuse un praticien de la « roqya charia », installé dans le quartier Yaacoub Al Mansour, d’être responsable, indirectement, du décès de son épouse.
Cette dernière avait été diagnostiquée d’un cancer du sein durant la pandémie de Covid-19 et avait subi une intervention chirurgicale qui nécessitait un suivi médical avec des séances de radiothérapie. Cependant, après avoir été mise en contact avec le « guérisseur » par une connaissance, elle a commencé à recevoir des messages de sa part, l’incitant à abandonner son protocole médical au profit de ses propres pratiques spirituelles.
Convaincue par les discours du praticien, la patiente a cessé son traitement médical spécialisé. Mais loin d’améliorer son état, la situation s’est rapidement détériorée. Privée des soins appropriés, les cellules cancéreuses ont continué à se propager, entraînant son décès.
Face à cette tragédie, son mari a décidé de porter l’affaire devant la justice, estimant que le « guérisseur » avait abusé de la vulnérabilité de sa femme et contribué à sa mort en l’éloignant des soins médicaux conventionnels.
Le tribunal de première instance de Rabat a reconnu le praticien coupable, le condamnant à quatre mois de prison avec sursis, assortis d’une amende de 2 000 dirhams. De plus, il devra verser une indemnisation de 120 000 dirhams aux parties civiles.
Cette affaire met en lumière les dérives des pratiques de guérison alternatives non encadrées et les risques qu’elles peuvent représenter lorsqu’elles détournent les patients des traitements médicaux prouvés. Elle rappelle également l’importance de la vigilance face aux promesses de guérison miraculeuse et la nécessité de renforcer les contrôles sur ces pratiques qui peuvent avoir des conséquences tragiques.
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