Le vendredi 7 juin, la cour d’appel de Kénitra a rectifié un verdict jugé indécent. L’agresseur de Khadija, cette serveuse violemment attaquée au visage dans la région de Sidi Kacem, a vu sa peine alourdie à 2 ans et 6 mois de prison ferme, assortie d’une indemnité de 200 000 dirhams à verser à la victime. Une décision qui tranche avec celle rendue en première instance, le 27 mai à Mechra Bel Ksiri, où le tribunal n’avait condamné l’accusé qu’à 2 mois de prison et 3 000 dirhams d’amende, déclenchant une onde de choc sur les réseaux sociaux et dans la société civile.
La légèreté de ce premier jugement, face à une agression d’une extrême brutalité, a indigné l’opinion publique. Khadija, mère divorcée et sans défense, avait refusé les avances d’un jeune homme issu d’un milieu aisé et visiblement sous l’emprise de l’alcool. En représailles, il aurait brisé une bouteille pour la lui planter au visage, provoquant des blessures nécessitant 88 points de suture et un certificat médical attestant de 35 jours d’incapacité.
Ce crime, d’autant plus choquant qu’il semblait être balayé par une justice trop indulgente, a provoqué une mobilisation numérique massive. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer un verdict indigne d’un État de droit. Face à cette pression, la cour d’appel a rétabli une peine jugée plus conforme à la gravité des faits.
Ce dossier illustre avec force comment l’indignation citoyenne peut secouer l’institution judiciaire et rappeler l’impératif d’une justice équitable et crédible, capable de protéger les victimes sans céder à l’influence sociale des agresseurs. Au-delà du cas Khadija, c’est toute une société qui réclame désormais que justice rime avec dignité.
Salma Semmar