L’arrestation, ce jeudi à Kénitra, d’un réseau de production de films pornographiques composé de deux hommes et d’une femme vient confirmer, s’il en était encore besoin, l’attractivité croissante des Marocaines pour les sociétés européennes spécialisées dans ce type de contenu sur internet.
De plus en plus de citoyennes marocaines, en quête de revenus faciles, se prêtent à ce commerce en se laissant guider à distance — masquées et nues — par des apprentis réalisateurs marocains ou étrangers. Ces derniers leur dictent des scénarios de plus en plus explicites, en phase avec les goûts d’un public européen et des pays du Golfe. Après avoir largement exploité les actrices amateurs en Europe, les producteurs de films X ont trouvé au Maroc un filon bon marché, avec des candidates plus faciles à recruter et payées bien en dessous des standards du marché, mais néanmoins attirées par des promesses d’anonymat et de paiement rapide.
Le matériel saisi chez ce réseau, ainsi que les premiers aveux, mettent en lumière l’ampleur de ce phénomène, qui gagne du terrain même parmi des femmes mariées, recrutées via téléphone ou sur les réseaux sociaux. Cette tendance s’inscrit dans le sillage du phénomène controversé du “Routini Yaoumi” — cette pratique où des femmes au foyer se filmaient parfois dans le plus simple appareil, effectuant des tâches ménagères contre rémunération. Ce mouvement s’est aujourd’hui essoufflé, laissant place à des productions plus explicites, à la recherche d’un gain financier plus substantiel.
Ces premières arrestations marquent sans doute le début d’une véritable lutte contre ce trafic insidieux, et posent un sérieux avertissement. Il s’agit désormais pour les autorités de stopper l’ancrage d’un marché du corps féminin, orchestré par des réseaux sans scrupules exploitant la précarité et la vulnérabilité de nombreuses femmes.
Par Jalil Nouri