L’acquisition d’un terrain pour la construction d’une nouvelle station routière à Khénifra suscite une vive controverse. L’Association Marocaine des Droits de l’Homme (AMDH) a appelé l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale et la Cour Régionale des Comptes à enquêter sur ce qu’elle qualifie de « transaction suspecte ».
Le conseil communal a voté, le 5 février 2025, l’achat d’un terrain à 500 millions de centimes l’hectare, un montant jugé excessif par l’AMDH, qui affirme que la valeur réelle du foncier dans cette zone ne dépasse pas 50 millions de centimes l’hectare. Cette décision, impliquant un budget total de 3 milliards de centimes, soulève des doutes sur la transparence et la pertinence de l’opération, surtout que la station routière actuelle ne présente pas de dysfonctionnements majeurs justifiant son déplacement.
L’AMDH estime que ce projet, adopté sans études techniques et économiques approfondies, risque d’aggraver les difficultés financières de la ville, alors que Khénifra fait face à de sérieux défis sociaux et économiques, notamment un taux de pauvreté élevé, un manque d’infrastructures médicales et des problèmes d’accès à l’eau potable.
Des enregistrements circulant sur les réseaux sociaux montrent des élus justifiant la transaction par « la nécessité pour Khénifra de contribuer à l’accueil de la Coupe du Monde ». L’AMDH qualifie ces arguments de « justifications absurdes », soupçonnant des intérêts personnels derrière cette acquisition.
Face aux nombreuses zones d’ombre entourant cette acquisition foncière à un prix jugé exorbitant, il est indispensable de mener une enquête approfondie pour faire toute la lumière sur les rouages de cette transaction. La transparence et la bonne gouvernance doivent être de mise lorsqu’il s’agit de la gestion des fonds publics, surtout dans une ville confrontée à d’importants défis sociaux et économiques.
L’intervention du ministre de l’Intérieur et des instances de contrôle compétentes, notamment l’Inspection Générale de l’Administration Territoriale et la Cour Régionale des Comptes, est aujourd’hui une nécessité pour examiner les conditions de cette opération, identifier les éventuelles irrégularités et déterminer les responsabilités. Il est impératif que la lumière soit faite sur les critères ayant conduit à fixer ce prix d’achat, ainsi que sur les véritables motivations derrière ce projet.
Au-delà de ce cas précis, cette affaire soulève un enjeu fondamental de gouvernance locale et de lutte contre la mauvaise gestion des deniers publics. Une ville comme Khénifra ne peut se permettre de dilapider ses ressources sur des projets dont l’utilité et la transparence sont remises en question par les citoyens et les acteurs de la société civile. Les autorités doivent réagir avec fermeté pour garantir que chaque décision d’investissement public réponde aux véritables besoins des habitants, dans un cadre de rigueur et d’intégrité.
Khénifra, capitale du Moyen Atlas, mérite un développement harmonieux et une gouvernance exemplaire. Embellir la ville ne doit pas se faire au détriment de la transparence et de l’équité. Une gestion juste et rigoureuse est essentielle pour garantir l’intérêt des citoyens et préserver l’avenir de la commune.
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