Plusieurs jours après la sortie virale d’un influenceur appelant à boycotter le fromage Kiri (groupe Bel Maroc) au motif qu’il contiendrait un additif « cancérigène », la polémique continue d’alimenter les réseaux et d’inquiéter des parents. Marque populaire auprès des enfants, Kiri se retrouve ainsi prise dans un tourbillon médiatique où la rumeur précède souvent le verdict scientifique.
À l’origine de l’affaire, une comparaison sommaire des listes d’ingrédients entre un produit vendu au Maroc et son équivalent en France. L’influenceur, qui a gagné en notoriété à la faveur de cette charge, affirme avoir « apporté des preuves ». Mais celles-ci, si elles posent des questions légitimes de transparence et d’harmonisation des formulations, ne suffisent pas—à ce stade—à discréditer définitivement le produit ni à établir un risque avéré pour la santé publique.
Saisie de facto par le débat, l’ONSSA, l’organisme public chargé du contrôle sanitaire des denrées alimentaires, a rendu un avis estimant qu’il n’y avait pas lieu d’alarmer les consommateurs et que l’additif incriminé ne présentait pas de danger dans les conditions d’usage. L’Office se fait toutefois discret dans les médias, un mutisme qui, paradoxalement, peut entretenir l’inquiétude des familles en quête de réponses claires.
Le fabricant, lui, campe sur une ligne offensive. Dans un long communiqué, Bel Maroc détaille sa position, rappelle le respect des normes en vigueur et nie toute nocivité. Mais l’expérience montre que les polémiques alimentaires laissent des traces : la rumeur, plus rapide que la pédagogie scientifique, a déjà impacté l’image et potentiellement les ventes.
Au-delà du cas Kiri, l’épisode pose une question récurrente : qui, de l’influence en ligne, des autorités sanitaires ou des associations de consommateurs, fixe le tempo de la confiance ? Ces dernières, habituellement promptes à réagir, se montrent pour l’heure prudentes. Reste donc un impératif : transparence des industriels, communication proactive des autorités et vérification indépendante, afin que le débat public s’appuie sur des données robustes plutôt que sur des emballements viraux. Kiri ou pas Kiri ? La réponse, pour être crédible, doit rester guidée par la science.
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