L’inscription du caftan marocain au patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO a déclenché, au-delà de la satisfaction légitime au Maroc, une vague de contestations en Algérie. Dans certains médias et sur des réseaux sociaux où le discours est souvent aligné sur le narratif officiel, une explication revient avec insistance : la directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, aurait pesé sur la décision pour favoriser le Royaume, en raison de ses origines familiales et de son lien avec André Azoulay, conseiller royal.
Une thèse pratique pour certains : elle permet de transformer une défaite diplomatique en soupçon, et surtout d’éviter le constat le plus simple — celui d’un dossier marocain solide, porté par un travail culturel et patrimonial de longue haleine. Ce réflexe n’est pas nouveau. Le caftan rejoint ainsi une liste de crispations déjà vues autour du couscous, du zellige ou d’autres symboles maghrébins devenus, à force de rivalités, des terrains d’affrontement identitaire.
Un procès d’intention qui ignore le fonctionnement réel de l’UNESCO
Le premier problème de cette accusation est qu’elle ne tient pas face au mécanisme institutionnel. L’inscription au patrimoine culturel immatériel ne relève pas d’un “coup de fil” ou d’une décision personnelle : elle suit une procédure formelle, rigoureuse, étalée dans le temps. Le dossier est préparé par l’État candidat, documenté, argumenté, puis soumis à une évaluation. La décision finale n’est pas celle d’une personne, mais d’un comité intergouvernemental, composé de représentants d’États membres, appelés à se prononcer.
Autrement dit : imaginer que la directrice générale puisse orienter à elle seule le choix d’un collège international revient à prêter à l’institution une fragilité qu’elle ne peut se permettre — et à sous-estimer la souveraineté des États qui y siègent.
Le Maroc n’a pas “découvert” le patrimoine avec Audrey Azoulay
Deuxième élément trop souvent passé sous silence : le Maroc a obtenu, bien avant l’arrivée d’Audrey Azoulay, plusieurs inscriptions et reconnaissances patrimoniales internationales. La valorisation du patrimoine au Maroc n’est pas un épisode conjoncturel lié à un mandat ou à une personnalité ; c’est une politique culturelle structurée, inscrite dans le temps long, avec des institutions, des acteurs, des associations, des artisans, des chercheurs et des archives mobilisés.
Ce rappel est essentiel, car il démonte l’idée d’un “favoritisme automatique” : si les reconnaissances existaient avant, c’est que le facteur déterminant n’est pas la direction générale de l’UNESCO, mais la qualité des dossiers et la vitalité des pratiques culturelles défendues.
Le caftan marocain : un héritage documenté, vivant et identifiable
Au-delà du débat politique, il faut revenir au cœur du sujet : la culture, l’histoire et la transmission. Le caftan marocain n’est pas un slogan, ni une invention récente : il est documenté, identifiable, et porté par une tradition vivante. Ses coupes, ses déclinaisons régionales, ses broderies, ses savoir-faire artisanaux et son usage social dans les grandes occasions témoignent d’un patrimoine profondément ancré.
Or, l’UNESCO ne “donne” pas une propriété exclusive comme un titre foncier. Elle reconnaît un ensemble de pratiques vivantes, inscrites dans une communauté, transmises, et soutenues par un travail de préservation. Le débat n’est donc pas “qui possède quoi” mais comment une tradition se perpétue, se transmet et se protège.
Une polémique révélatrice d’une posture de contestation systématique
La persistance de ces accusations en Algérie pose une question simple : pourquoi politiser à ce point une décision culturelle ? Pourquoi vouloir transformer un vote patrimonial en incident diplomatique ? Cette stratégie ressemble davantage à une manière de gérer l’opinion qu’à une démarche sérieuse de contestation.
Car contester une décision internationale sans preuve, en insinuant des interventions occultes, revient à fragiliser l’institution elle-même. C’est un précédent dangereux : si chaque inscription devient suspecte dès qu’elle déplaît, c’est tout le système multilatéral et culturel qui se retrouve pris en otage par les rivalités politiques.
La culture comme pont, pas comme champ de bataille
Le plus paradoxal, dans ce type de discours, est qu’il détourne l’essence même de l’UNESCO : promouvoir la culture comme vecteur de dialogue, de compréhension et parfois même de rapprochement. Le Maghreb gagnerait davantage à valoriser ses richesses dans une logique d’héritage partagé, plutôt que d’entretenir un duel permanent où chaque reconnaissance du voisin est vécue comme une offense.
Au final, l’essentiel est ailleurs : la reconnaissance du caftan consacre un travail marocain de fond, une tradition vivante, et un savoir-faire artisanal qui continue d’évoluer sans se renier. Chercher à réduire cela à une histoire de “favoritisme” relève moins de la vérité que d’un réflexe politique. Et comme souvent, quand il s’agit du Maroc, certains préfèrent voir une manœuvre… là où il n’y a qu’un dossier solide, des preuves, et une culture qui s’impose d’elle-même.
Par Jalil Nouri










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