Depuis quatre jours, les Marocains se réveillent, sur les réseaux sociaux et dans les médias, face à une tension grandissante et à des dérapages qui n’augurent rien de bon. Les perspectives ne prêtent guère à l’optimisme, même si le gouvernement prône l’apaisement et le dialogue. Reste une question centrale : avec qui négocier, et à quelles conditions, pour mettre fin aux débordements et à une vague naissante de violence ?
Bâtiments publics et privés vandalisés, occupation d’axes routiers, jets de pierres contre les forces de l’ordre, slogans vengeurs appelant à l’émeute : dans plusieurs villes, la situation semble échapper au contrôle, alors même que les premiers appels invitaient à éviter l’escalade. Ce mouvement de protestation porté par la génération Z apparaît désordonné, sans leadership identifié ni structure capable d’en fixer les lignes rouges.
Le pouvoir d’entraînement semble désormais fragmenté, mû par des groupes aux intérêts hétérogènes, d’autant que les garde-fous n’ont pas été posés dès l’origine. Le risque est réel de voir des aventuriers politiques capter une colère initialement innocente et légitime, au risque de la transformer en déflagration.
Le glissement s’observe aussi dans les stades : des ultras de clubs de Botola 1 appellent au boycott des matchs, ajoutant une dimension supplémentaire à une possible dégénérescence sociale. Dans l’opinion, l’appel à une intervention royale directe revient avec insistance, beaucoup estimant que c’est la voie la plus sûre pour entendre, sans délai, la colère des jeunes et lui donner une traduction concrète. La confiance envers un gouvernement critiqué reste faible, en dépit de ses signaux d’ouverture et de sa volonté affichée de prendre acte des doléances de la génération Z.
Par Jalil Nouri