Les dattes algériennes, largement présentes sur les étalages des commerces durant le mois sacré de Ramadan, n’ont cessé de susciter un débat intense sur les raisons et les conditions ayant permis leur commercialisation au Maroc, alors même qu’elles proviennent d’un pays perçu comme hostile.
Mais la polémique a pris une nouvelle dimension avec la déclaration maladroite du ministre du Commerce, Ryad Mezzour, manifestement mal conseillé en communication, une fois de plus. Dans une intervention faite au lendemain de l’Aïd, il a affirmé que des dattes algériennes étaient bel et bien commercialisées dans les rayons des hypermarchés Marjane, mais sous emballage tunisien. Une sortie qui a immédiatement ravivé la controverse, Mezzour semblant ne pas avoir mesuré l’ampleur des dégâts provoqués par son propre démenti.
Pourtant, un communiqué officiel de l’enseigne Marjane, propriété de la famille royale, avait auparavant affirmé — en réponse à un article publié par un média électronique — qu’aucun paquet de dattes algériennes n’avait jamais été mis en vente dans ses magasins, ni durant le Ramadan ni à aucune autre période de l’année.
Pour beaucoup de consommateurs, le symbole est fort : il est inacceptable que des produits originaires d’un pays considéré comme ennemi soient vendus dans des points de vente aussi emblématiques que Marjane, ou même ailleurs. Le boycott de ces produits est vu comme un acte de souveraineté citoyenne, quelle que soit leur qualité.
À ce jour, la direction de Marjane n’a pas réagi officiellement aux déclarations du ministre Mezzour, laissant place à plusieurs hypothèses : soit le ministre a parlé à tort sans avoir vérifié les faits, soit l’enseigne a commis une faute grave en dissimulant volontairement l’origine des produits, soit elle n’a pas les moyens de contrôler l’origine réelle des marchandises qu’elle vend, ce qui serait encore plus préoccupant pour la crédibilité de son activité commerciale.
Par Jalil Nouri