La réalisatrice marocaine Nargis Nejjar, également directrice de la Cinémathèque marocaine à Rabat, vient d’être lourdement condamnée par une instance arbitrale à Casablanca. Le verdict, rendu le 11 avril 2025 par un panel présidé par Anis Mahfoud et composé d’Abdellah Dermich et Jihad Akram, oblige la cinéaste à verser plus de 4,5 millions de dirhams (450 millions de centimes) de dédommagements au producteur norvégien Eirik Odegaard, fondateur de la société “Evil Doghouse Casablanca”.
Le litige porte sur la rupture unilatérale d’un contrat signé entre les deux parties le 29 juillet 2020, dans le cadre de la réalisation d’un long-métrage dont Nejjar devait assurer l’écriture et la mise en scène. Le tournage, initialement prévu entre le 26 décembre 2022 et le 28 février 2023, n’a jamais vu le jour, malgré un engagement contractuel ferme et le transfert de plus de 2,1 millions de dirhams sur les comptes bancaires français et marocains de la réalisatrice.
Selon le jugement, cette rupture « abusive et unilatérale » a causé d’importants préjudices au producteur, notamment la perte d’un contrat de distribution avec la société européenne “Eurova Film”, estimée à 1,7 million de dirhams. À cela s’ajoutent 1,67 million de dirhams pour les frais de location de matériel et de préparation, ainsi que 350.000 dirhams pour atteinte à la réputation de la société.
Le jugement oblige également Nejjar à s’acquitter de 502.000 dirhams avec intérêts légaux à partir de la date de dépôt de la plainte, ainsi que de 234.000 dirhams pour les honoraires des arbitres et 7.500 dirhams de frais de procédure. Les dépenses d’arbitrage ont été partagées équitablement entre les deux parties.
Pour rappel, c’est le 20 décembre 2022 que le Centre cinématographique marocain a informé le producteur du désengagement de Nargis Nejjar. Aucune explication n’aurait été transmise par la réalisatrice quant à sa décision, alors qu’elle avait perçu des sommes conséquentes, selon les documents de la société plaignante.
Cette affaire, au retentissement certain dans le milieu cinématographique marocain, met en lumière les dérives contractuelles possibles dans la production audiovisuelle et soulève de sérieuses interrogations sur la gouvernance au sein des institutions culturelles publiques.
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