Déjà emporté par la tempête d’un scandale lié à des soupçons de conflits d’intérêts, le ministre de l’Éducation nationale, Mohammed Saad Berrada, traverse l’une des semaines les plus délicates et les plus mouvementées depuis sa prise de fonctions, alors que le projet de loi 59.21 est actuellement en débat au Parlement devant une commission plongée dans un climat particulièrement lourd.
La tenue de cette séance avait d’ailleurs été reportée une première fois en raison de la forte tension ambiante, tant les observateurs la considèrent comme l’une des auditions les plus risquées pour un ministre cette année. Le texte constitue pourtant l’axe central d’une réforme présentée comme ambitieuse, destinée à doter le pays d’un cadre législatif adapté au développement du système éducatif, reposant sur une nouvelle vision structurelle. Celle-ci prévoit la modernisation des établissements à travers leur réorganisation, l’épanouissement des élèves grâce à l’introduction renforcée du sport et des activités parascolaires, ainsi que la digitalisation progressive des cours et de la gestion administrative.
Le projet comporte également un volet sensible consacré aux relations entre le ministère de tutelle et l’enseignement privé. Il vise à clarifier les droits et devoirs des établissements après des années de tensions et de litiges opposant parents d’élèves et directions scolaires.
Mais la multiplicité des avis, la pression de plusieurs groupes d’intérêts relayés au sein de l’hémicycle et la qualité parfois virulente des interventions ont fini par détourner le débat de sa dimension technique pour l’entraîner sur un terrain hautement politisé. Placé au centre de cette tourmente, le ministre apparaît affaibli, d’autant qu’il n’exerce ses fonctions que depuis quelques mois et dispose encore de peu de marges politiques pour défendre son texte.
Dans ces conditions, faire adopter ce projet de loi et sortir indemne de cette double tempête – politique et médiatique – relèverait presque du miracle, tant son maintien à la tête du département semble désormais suspendu à l’issue de ces débats.
Par Jalil Nouri










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