La Présidence française, l’Elysée, a annoncé le 11 mars 2024 que le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, effectuerait une visite d’État en France « fin septembre-début octobre ». Cette annonce a suscité des interrogations après que la Présidence algérienne ait dévoilé la tenue d’une élection présidentielle anticipée le 7 septembre 2024. Cette coïncidence a conduit de nombreux observateurs à s’interroger sur le soutien implicite de la France à un possible deuxième mandat pour Tebboune.
Vu de Paris, deux hypothèses s’affrontent. La première suppose que la France était au courant et a validé ce coup de force constitutionnel du régime Tebboune. Dans cette perspective, la France aurait donné sa bénédiction à cette accélération du calendrier politique algérien, où le président sortant se taille un agenda sur mesure pour convenances personnelles.
La seconde hypothèse, celle d’une surprise française, est également plausible. Malgré des signes de complicité entre Macron et Tebboune, les événements récents de la relation franco-algérienne ont pu surprendre les autorités françaises. En effet, la période envisagée pour la visite d’État de Tebboune avait été fixée sans que personne n’anticipe une élection présidentielle anticipée en Algérie.
Cette situation met Paris dans une position délicate. Si l’agenda électoral algérien n’avait pas été modifié, la France aurait pu accueillir Tebboune pour un second mandat. Cependant, un tel soutien aurait été controversé, compte tenu des critiques internes et externes concernant la gouvernance de Tebboune.
La France surveille de près la situation en Algérie, consciente des risques sécuritaires régionaux potentiels. Quelle que soit l’issue de cette accélération politique, la France d’Emmanuel Macron est confrontée à la nécessité d’un dialogue franc avec le pouvoir algérien pour clarifier les choix stratégiques qui exercent une pression sur l’ensemble de la région.