Face à une montée en flèche de son isolement régional et à une perte d’influence palpable dans la bande sahélo-saharienne, l’Algérie semble opter pour la diplomatie du portefeuille. Lors de la 4e Conférence des Nations Unies sur le financement du développement à Séville, le Premier ministre algérien Nadir Larbaoui a annoncé la poursuite d’un ambitieux programme d’aide au développement à hauteur d’un milliard de dollars, destiné aux pays du Sahel et d’Afrique subsaharienne.
Cette enveloppe colossale, gérée par l’Agence algérienne de coopération internationale, serait destinée à financer des projets dans des secteurs clés : infrastructures, éducation, santé et énergie. Officiellement, Alger affirme vouloir « renforcer la solidarité internationale » et faire de la « coopération sud-sud » un pilier de sa diplomatie.
Mais derrière les envolées altruistes, de nombreux observateurs y voient une manœuvre stratégique dictée par la conjoncture diplomatique défavorable du régime algérien. Accusée de saper la stabilité régionale et de jouer un rôle trouble dans la crise du Sahel, l’Algérie tente désormais de redorer son blason et de regagner de l’influence auprès de partenaires qu’elle a longtemps négligés ou instrumentalisés.
Une opération séduction sur fond de rivalité régionale
Cette initiative survient dans un contexte où le Maroc renforce constamment ses alliances africaines à travers des partenariats structurants, des investissements économiques et une diplomatie active qui s’appuie sur des projets concrets. Rabat, contrairement à Alger, a réussi à tisser une relation de confiance durable avec plusieurs pays du Sahel, notamment dans la lutte contre le terrorisme, la formation des cadres et les échanges économiques.
L’aide algérienne apparaît alors comme une tentative de contrebalancer cette percée marocaine. En injectant des ressources financières massives, Alger cherche à se repositionner comme un acteur incontournable du développement africain, tout en espérant, à mots couverts, neutraliser certains soutiens au plan marocain d’autonomie au Sahara.
La dette comme levier d’influence
Autre levier évoqué par le chef du gouvernement algérien : l’effacement ou la restructuration de la dette africaine. Là encore, il s’agit moins d’un geste de solidarité que d’un calcul politique visant à s’attirer la sympathie des États lourdement endettés, dans un contexte où les votes pèsent lourd à l’ONU et dans les instances régionales.
Un pari risqué face à une diplomatie marocaine mieux ancrée
L’offensive financière algérienne s’apparente donc à une tentative de court-circuiter l’élan diplomatique du Maroc en Afrique. Cependant, l’absence de constance dans la politique étrangère d’Alger, combinée à un manque de confiance des partenaires africains envers un régime souvent perçu comme fermé et peu prévisible, limite l’efficacité de cette stratégie.
Par ailleurs, le Maroc a su imposer une diplomatie d’influence plus structurée, mêlant investissements durables, formation, coopération religieuse et présence diplomatique renforcée. Là où Alger offre des fonds, Rabat offre des partenariats.
En définitive, le milliard de dollars promis par l’Algérie risque fort de se heurter à une réalité géopolitique implacable : dans le jeu d’influence africain, la crédibilité, la constance et la vision de long terme valent souvent bien plus qu’un chèque ponctuel. Et sur ce terrain, le Maroc a déjà plusieurs longueurs d’avance.