Après des années de tensions, l’Algérie semble multiplier les démarches pour normaliser ses relations avec l’Espagne. Quelques jours après la rencontre entre Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, et son homologue espagnol, José Manuel Albares, en Afrique du Sud, c’est au tour du ministre algérien de l’Intérieur de se rendre à Madrid pour des discussions avec Fernando Grande-Marlaska.
Cette soudaine volonté d’apaisement intervient alors que l’Europe affirme de plus en plus son soutien à la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Depuis le revirement espagnol de mars 2022, reconnaissant l’initiative marocaine d’autonomie comme la solution « la plus sérieuse, réaliste et crédible », l’Algérie s’est retrouvée isolée, réagissant par des sanctions économiques, la fermeture du gazoduc maghrébin et la suspension des relations diplomatiques avec Madrid.
Un Revirement Dicté par l’Isolement Diplomatique ?
Face à un soutien croissant à la position marocaine de la part des puissances européennes comme la France, l’Espagne et l’Allemagne, l’Algérie semble à court de leviers pour faire pression sur l’Union européenne. Selon Lahcen Akritit, analyste politique, Alger n’a d’autre choix que d’admettre la nouvelle réalité diplomatique et d’adopter une approche plus conciliante.
Ses précédentes tentatives de pression, notamment en suspendant les échanges commerciaux et en menaçant l’approvisionnement énergétique de l’Espagne, ont échoué à faire plier Madrid. Aujourd’hui, en reprenant contact avec les autorités espagnoles, l’Algérie cherche à briser son isolement croissant sur la scène internationale.
Une Crédibilité Internationale en Déclin
Pour Abbas El Ouardi, professeur de droit public à l’Université Mohammed V de Rabat, la diplomatie algérienne tente de redorer son image, après avoir été de plus en plus marginalisée au sein des organisations régionales et internationales.
L’Algérie, qui se présentait autrefois comme un acteur influent en Afrique et dans le monde arabe, ne parvient plus à masquer son isolement. La mise à l’écart de la question du Sahara marocain par l’Union africaine, désormais sous l’égide exclusive du Conseil de sécurité de l’ONU, a affaibli la stratégie d’Alger visant à instrumentaliser ce dossier.
D’autre part, plusieurs pays qui soutenaient historiquement le Polisario – comme certaines nations d’Amérique latine et des pays scandinaves – révisent leur position, réduisant encore davantage l’espace diplomatique dont disposait Alger.
Une Confiance Internationale Fragilisée
Les observateurs notent que l’Algérie tente d’imposer son narratif par des manœuvres diplomatiques, mais ses incohérences et son soutien à des mouvements séparatistes et terroristes, comme le Polisario, nuisent à sa crédibilité.
Selon El Ouardi, « les États ne font plus confiance au régime algérien, dont l’armée joue un rôle central dans le maintien d’une stratégie hostile et manipulatrice ». La communauté internationale est désormais bien consciente du double jeu d’Alger, qui finance le séparatisme au détriment du développement économique et social de son propre peuple.
Un Avenir Diplomatique Incertain
Si l’Algérie espère rétablir ses relations avec l’Espagne et d’autres pays européens, elle devra d’abord clarifier sa position sur des sujets majeurs et cesser de miser sur la confrontation. Cependant, la méfiance est désormais installée et il est peu probable que Madrid revienne sur son soutien au Maroc.
Cette tentative de rapprochement est-elle donc une démarche sincère ou simplement une stratégie désespérée pour éviter un isolement diplomatique total ? Seul l’avenir nous le dira.
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